Insultes, menaces et même agression à la seringue : la rue Tiranty, située à deux pas de la très touristique avenue Jean Médecin, est occupée depuis plusieurs années par une bande de toxicomanes indélogeables. «Les associations vont à l’encontre de nos actions. Elles les maintiennent ici», déclare un riverain. Et son épouse d’ajouter : «Ces mecs-là résistent à tout, on ne peut rien faire. Ils sont intouchables et insolvables et nous, on prend.»
Ils sont une petite dizaine, assis nonchalamment à cheval entre la route et le trottoir. Il n’est pas encore 11h et pourtant déjà, les canettes de bière s’enchaînent. Selon une logique implacable, la boisson provoque des envies pressantes. Un individu se lève non sans difficultés, le regard brumeux, quasi absent. Il lui faut bien une minute pour rejoindre le trottoir d’en face, à moins de dix mètres. C’est sur un compteur électrique que cet homme, habillé d’un bas de survêtement, d’une veste en jean et d’une casquette noire, jette son dévolu. Sans complexe mais surtout sans considération pour les passants, le voilà en train d’uriner. Un couple qui attend qu’on lui ouvre le portail d’une propriété privée est aux premières loges, circonspect.
La scène se déroule à deux pas de l’avenue Jean Médecin, l’une des plus touristiques de la ville. Précisément rue Emma et Philippe Tiranty, qu’ici tout le monde appelle plus simplement rue Tiranty. Une voie à la réputation sinistre, que nombre de Niçois évitent, quitte à faire un détour. Depuis plusieurs années, elle est occupée par des groupes de toxicomanes – dont l’homme à la veste en jean. Une population marginale, au comportement imprévisible et parfois violent, et qui ferait vivre un enfer aux habitants et commerçants de la rue. […]
Hormis le trafic d’héroïne et de substances en tous genres, les toxicomanes feraient régner un climat d’insécurité dans cette rue du centre-ville. «Régulièrement, il y a des agressions, des bagarres. La violence est quotidienne», résume Thierry. L’année dernière, une esthéticienne a même été piquée avec une seringue devant son cabine. […]
Vendredi en fin de matinée, une dizaine de riverains et de commerçants de la rue Tiranty avaient donné rendez-vous à leur député de circonscription, Éric Ciotti, pour lui faire part de sa détresse et de son ras-le-bol. «On ne peut pas cohabiter avec ces personnes, nous ne sommes pas compatibles. Il faut qu’ils partent», s’agace Thierry. «Vous savez d’où ils viennent ?» s’interroge le député. «Ce sont tous des étrangers, la plupart en situation irrégulière et sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français, NDLR)», affirme une habitante, soutenue d’un hochement de tête par la petite assemblée mécontente. «C’est notre référent de la police nationale qui nous l’a dit. Et puis on voit bien qu’ils ne parlent pas français. Ce n’est pas comme s’ils chuchotaient», peste Nicole. «C’est triste de voir ça en France, on a atteint un point de non-retour», regrette Milene. […]
