Fdesouche

Il y a trois mois, Bahman a entrepris pour la 19ème fois de passer la frontière croate, avec trois autres migrants. Après quatre jours à marcher et à se cacher, ils y sont arrivés, avant de continuer vaillamment vers Trieste. Le voyage a duré onze jours, et pendant les trois derniers, ils n’avaient plus d’eau ni de nourriture, raconte Bahman. Depuis déjà un certain temps, il met tout cela par écrit, et il espère bien en faire un livre un jour.

Après s’être remis quelques temps dans un centre d’accueil en Italie, ils se sont mis en route pour la France. La police les a arrêtés à Cannes.

«Ils nous ont attrapé et nous ont renvoyés en Italie, où nous avons passé une nuit. Ils ont pris nos empreintes et nous ont dit, on ne veut plus de réfugiés, allez dans un autre pays. Nous avons repris des billets de train, pour Nice. Et de là nous sommes arrivés en Allemagne, où la police nous a de nouveau arrêtés. Ils voulaient nos papiers, mais on n’avait rien, ils ont repris nos empreintes, nous avons passé une nuit au poste, puis ils nous ont installé dans un grand camp pour migrants. Après un certain temps, nous avons eu des entretiens, et voilà, ça fait trois mois maintenant que je suis là», explique Bahman Mousalou.

 

Il vit aujourd’hui dans une maison à Moormerland, dans le nord de l’Allemagne, avec cinq autres Irakiens.

«Quand j’aurai appris la langue, je pourrai chercher du travail. Lundi, j’irai voir la Croix Rouge, pour leur demander si je peux faire du bénévolat. C’est ça que je voudrais faire, travailler dans des organisations qui aident les gens à travers le monde.»

 

Fuyant, comme il dit, la cruauté du système irakien, il a vu des gens mourir, manquer de nourriture et d’eau, être attaqués par des bêtes. C’est pour ça, dit-il, qu’il veut faire de l’humanitaire. Car sans l’aide des autres, lui non plus n’aurait pas survécu. Il a atteint son but, l’Allemagne, la vie sera beaucoup plus facile maintenant. Mais, dit-il, il n’est pas heureux.

«Parce que j’ai 25 ans, je suis seul en Allemagne et je dois partir de rien, apprendre la langue, puis dans deux ou trois ans chercher un travail, ce n’est pas simple, j’aurai 30 ans et je n’aurai rien à moi. Je ne suis pas heureux car dans mon pays où je suis allé à l’école, j’avais un foyer, une famille, un travail, mais à cause de la politique, j’ai dû fuir. Maintenant je suis ici, loin de tout ce que j’avais, c’est très dur pour moi», explique-t-il.

 

N1

(Merci à J.C.)

Fdesouche sur les réseaux sociaux