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Aux Poètes, la solidarité de quartier a pris le pas sur la justice, la violence s’est banalisée, notamment chez les plus jeunes […]

Affairé à rouler un joint sur le capot de son Alfa Romeo décrépie dans le parking de la régie de quartier, cette figure des Poètes a le sens de la formule et le goût de la provocation :

« On se connaît tous ici, explique-t-il. Entre nous, on règle nos affaires. Mais si un intrus fait un truc de mal, on le chope. On sème ce qu’on récolte, il n’y a rien de racial là-dedans. »

« Les Roms, ils sont dans la même merde que nous, poursuit-il, mais ils prennent tout ce qu’ils voient, ils sont sans gêne. Un jour, j’avais posé mon nouveau frigo sur le trottoir, je ressors, ils étaient en train de l’embarquer. Les Roms, ce sont des pauvres qui volent aux pauvres. Qu’ils se baladent, OK, mais faut pas aller chez les gens comme ça, c’est comme un viol. Il a déconné, ce petit. Après, les jeunes, ils sont allés trop loin et ça a dégénéré à cause de l’effet de groupe. » […]

Il y a un mois, un nouveau campement s’est établi juste en face du quartier, de l’autre côté de la nationale 1. Les Roms ont commencé à garer leur voiture sur la principale voie d’accès de la cité, les vols se sont multipliés. Au centre social, Nadia, occupée à préparer la semoule pour l’osbane, un plat traditionnel kabyle, avec d’autres mères de famille, livre son sentiment sans détour : « En seize ans ici, je n’ai jamais entendu parler de cambriolages. Depuis qu’ils sont là, on n’entend parler que de ça. Il faut nous en débarrasser. »

Toufik a 27 ans, il est électricien. « On est condamné à se faire justice nous-mêmes, d’ailleurs, on est condamnés à tout faire nous-mêmes, commente-t-il. C’est ça, le problème. Tous les jeunes ont eu des problèmes avec la police, on va pas les appeler ! Bon, le gamin, il a pris une raclée, trop forte, d’accord, mais il aurait pas dû faire ça. J’espère que tous ses cousins ont compris. On vole pas les pauvres. […] »

Le Monde

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