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Après les attentats qui ont visé la rédaction de “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, la mosquée a été visée par une tentative d’incendie. Mais la communauté musulmane veut rester optimiste.

Les cœurs ont été découpés dans du papier et accrochés les uns aux autres pour former des guirlandes multicolores. Malmenés par une pluie fine mais tenace, ils résistent étonnamment à la mosquée de Poitiers (Vienne), mercredi 28 janvier. “Vous avez vu ? C’est sympathique, n’est-ce pas ?”, relève l’imam. Dans un instant, Boubaker El Hadj Amor reviendra sur les actes islamophobes qui ont visé le lieu de culte. Mais d’abord, il attire l’attention sur les témoignages de solidarité […] Il dresse le portrait d’une ville unie, malgré la phrase “Mort aux Arabes, les Français sont en guerre”, taguée le 7 janvier sur un mur de la mosquée. Malgré aussi la tentative d’incendie survenue quelques jours plus tard dans le lieu de culte toujours en chantier. […] Les attaques de la mosquée de Poitiers ne sont que deux des 116 actes islamophobes recensés entre le 7 et le 20 janvier par l’Observatoire de l’islamophobie. Deux des 33 actions menées spécifiquement contre des mosquées et salles de prières. “Quand on vous appelle au milieu de la soirée pour vous dire que la mosquée brûle, oui, c’est effrayant, souffle l’imam. Les tags, hélas, on a presque l’habitude. On sait qu’il existe des extrémistes. Mais une tentative d’incendie, nous n’y pensions même pas.”
Dans le bâtiment de béton, le départ de feu n’a fait aucune victime. Mais l’intrusion inquiète. D’autant que ce n’est pas une première. En octobre 2012, 74 militants du groupe d’extrême droite Génération identitaire avaient envahi la future mosquée, déployant une banderole à leur nom. Plus tard, les fidèles ont découvert des croix gammées dessinées sur un mur. Pendant un moment, la mosquée a également été visée par “des autocollants haineux, explique Boubaker El Hadj Amor. Le fait d’un homme isolé, qui a été arrêté, pris en flagrant délit de collage”. Et depuis, plus rien. Jusqu’aux attentats. […] A l’autre bout de la ville, dans le quartier des Trois-Cités, Abdelmajid Amzil conseille, lui aussi, aux jeunes qu’il reçoit dans son association de ne pas se laisser écraser par ce contexte pesant pour les Français musulmans. “Comme tout le monde, la première fois que j’entends des propos hostiles, je suis en colère. La deuxième fois, je suis triste. Et puis après, je deviens un peu indifférent”, souffle le directeur d’Abchir, une structure qui dispense des cours d’arabe, mais aussi du soutien scolaire et des activités pour les jeunes du quartier quelle que soit leur confession. Il confie trouver l’apaisement dans sa foi, “la seule option possible” quand, comme lui, “on refuse de répondre aux attaques par la frustration, la colère ou la peur”. Mais cette dernière se répand, s’inquiètent les organisations musulmanes. Notamment chez les femmes voilées, premières victimes des agressions à caractère islamophobe.
[…] Sans la nommer, elle décrit une islamophobie diffuse, sémantique. Une façon de ne mentionner l’appartenance religieuse d’un Français que lorsqu’il s’agit d’un musulman. Ou comme elle, d’un “converti”. “Comme si dans la tête des gens, on ne pouvait pas être citoyen français et musulman. […] “Il y a un problème avec le mot ‘islamiste’, renchérit Saïd, ancien prof d’anglais qui fait, ici, du soutien scolaire. Sans fondement linguistique, il renvoie vers l’islam et vise d’emblée tous les musulmans.” “Pourquoi ne pas simplement dire ‘terroriste’ ?”, lance Omar, agacé. Abdelmajid explique : “Quand Anders Breivik perpètre un massacre en Norvège, aucun média ne va pas dire qu’un ‘christianiste’ a commis un attentat. (…) Quand un musulman est assassiné chez lui par un voisin qui crie : ‘Je suis ton Dieu, je suis ton islam’, comme s’est arrivé la semaine dernière, là aussi, on parle d’un déséquilibré. Ce qui ne fait pas de doute, c’est que ceux qui ont commis ces attentats sont des déséquilibrés, pas des musulmans.” […] Source

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