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26/05/2023

« La Part des Anges », un bar féministe et lesbien de Rennes vient de mettre la clé sous la porte. En cause : des menaces par des militants transactivistes qui accusent sa gérante de transphobie. Le collectif féministe Nous Toutes 35 ne soutient pas le bar et appelle à le boycotter.

C’est un sujet qui décidément fracture le féminisme et la communauté LGBT. Un des seuls bars lesbiens de Rennes, la part des Anges, a été menacé par des activistes trans. En marge d’une manif contre la loi sur les retraites, le 14 avril dernier, quatre personnes se sont rendues dans ce bar, l’une d’entre elles a cassé un carreau, bousculé une des serveuses et tagué « fuck TERF » (pour « trans-exclusionary radical feminist », soit « féministe excluant les personnes transgenres ») sur la devanture, qualificatif utilisé par les transactivistes pour désigner les personnes qu’ils considèrent comme transphobes. « C’est une agression lesbophobe et misogyne », dénonce auprès de Charlie Orane Guéneau, la gérante du bar, qui a porté plainte. Elle a également reçu des menaces de mort par courriers ou dans des messages glissés sous sa porte : « Sauve un trans, suicide-toi », ou « Une balle, une terf ». Aujourd’hui, elle se dit effondrée, essorée financièrement et marquée par le licenciement de ses trois salariés.

Ce bar, elle l’a ouvert il y a neuf ans dans le centre-ville. C’était au départ un « bar féministe », explique la quinquagénaire, qui, en tant, que lesbienne, milite pour « le droit à l’indifférence ». En atteste, explique-t-elle, cette inscription sur la devanture de l’établissement : « Bar TTC queer », « TTC » pour « toute tendance confondues ». « Le bar a toujours été inclusif, assure-t-elle, nous n’avons jamais refusé les personnes trans. » Ces trois dernières années pourtant, les accusations de « transphobie » visant le bar et sa gérante se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Des militants transactivistes lui reprochent de « mégenrer » des clients trans, c’est-à-dire de genrer au féminin une personne qui demanderait d’être désignée au masculin et inversement. Des accusations qui se sont peu à peu renforcées, jusqu’à ce qu’on lui reproche des agressions, ce que la gérante dément, pointant une campagne de dénigrement et de diffamation par plusieurs associations LGBT de Rennes, la « capitale du wokisme »,selon ses propres termes.

« Coming out transphobe »

Selon elle, certains événements auraient aggravé les tensions : Orane Guéneau s’est insurgée contre des femmes trans (nées hommes), qui venaient dans son bar draguer des jeunes femmes lesbiennes. « Ça a été plusieurs fois le gros clash. Si la jeune femme disait : je préfère les femmes, alors la femme trans s’offusquait et criait à la transphobie. Mais cette jeune femme n’est pas transphobe, c’est juste une question de consentement, elle n’aime pas les pénis, puisqu’elle est lesbienne !, souligne-t-elle. Ça me fait penser aux hétéros qui venaient nous draguer en disant : si tu es lesbienne c’est que tu n’as pas rencontré le bon mec… » déplore-t-elle.

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Charlie Hebdo


19/05/2023

« Les femmes lesbiennes nées femmes ont aussi le droit d’avoir un espace pour elles » : Accusé de “transphobie” par #NousToutes, un bar féministe et lesbien à Rennes dans la tourmente ; un tag “TERF” inscrit sur la façade

La Part des Anges, bar LBGT + emblématique rue Saint-Melaine à Rennes, a-t-il mis la clé sous la porte ? Sa propriétaire, Orane Guéneau, assure l’avoir fermé « pour protéger ses salariés ». Elle a licencié son personnel pour raisons économiques et n’ouvre plus que ponctuellement, pour une heure ou deux. Elle n’exclut pas de vendre l’établissement.

Orane Guéneau (au centre)

« Je suis obligée de fermer après l’agression que nous avons vécue, explique la quinquagénaire. La vitrine a été taguée et un carreau cassé, c’était hyperviolent pour les salariés et les clients, le bar était plein. » Vendredi 14 avril 2023, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites, les mots « TERFS » sont inscrits sur la vitre de La Part des Anges. Dans les milieux militants, le mot désigne celles qui estiment que la lutte féministe ne doit pas inclure les personnes transgenres.

Facebook
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Conflit de générations ?

Orane Guéneau réfute les accusations d’agressions mais assume « des maladresses sur les pronoms à utiliser ». Est-ce un conflit de générations qui déchire la communauté rennaise ? La question de la transidentité a pris davantage de place ces dernières années. « On ne parlait pas de personnes cisgenres quand j’étais plus jeune », assène celle qui se revendique comme femme lesbienne. Du côté de celles et ceux qui pointent ses propos, le stade de la maladresse est dépassé. « Aujourd’hui, elle tient un discours du mouvement TERF », déplore une personne proche, ayant désormais pris ses distances avec la propriétaire du bar. Interrogée, Orane Guéneau déclare que « les personnes trans doivent être respectées et avoir des droits, et les femmes lesbiennes nées femmes ont aussi le droit d’avoir un espace pour elles ».

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Ouest-France

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