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Après l’avortement ou les armes à feu, la Cour suprême des États-Unis s’attaque lundi à la question raciale, tout aussi clivante, en se penchant sur les politiques dites de «discrimination positive» dans les universités. La haute juridiction, solidement ancrée dans le conservatisme, semble prête à effectuer un demi-tour historique, comme elle l’a fait en juin en annulant son arrêt «Roe v. Wade», qui garantissait depuis un demi-siècle le droit des Américaines à avorter.

Concrètement, ses neuf sages examineront pendant deux heures les mécanismes de sélection au sein des universités d’Harvard et de Caroline du Nord, respectivement les plus vieux établissements d’enseignement supérieur privé et public du pays. Ces universités, comme beaucoup d’autres aux États-Unis, prennent en compte des critères ethniques pour assurer la diversité de leurs étudiants et corriger la sous-représentation des jeunes noirs et hispaniques.

Ces programmes dits de «discrimination positive», mis en place à la fin des années 1960, «visent à corriger les inégalités systémiques héritées du passé», a souligné Yasmin Cader, de la puissante organisation des droits civiques ACLU, lors d’une récente conférence de presse. Ils ont toujours fait l’objet de vives contestations à droite. Des étudiants blancs, se disant victimes de «discrimination inversée», ont régulièrement porté plainte contre ces mécanismes jugés opaques et inefficaces par leurs détracteurs.

Neuf États les ont déjà interdits, notamment la Californie après un référendum d’initiative populaire. Mais jusqu’ici, la Cour suprême les a toujours validés. Dans une série d’arrêts, dont le premier remonte à 1978, elle a interdit le recours à des quotas, mais elle a jugé que les universités pouvaient prendre en compte la couleur de peau ou l’origine ethnique des candidats, parmi d’autres critères, afin de promouvoir la diversité sur leurs campus.

L’association «Students for Fair admission», créée par Edward Blum, un militant néoconservateur et féroce détracteur de la discrimination positive, a pris un nouvel angle d’attaque pour revenir à la charge. En 2014, elle a introduit deux plaintes pour dénoncer une «discrimination» des étudiants d’origine asiatique à Harvard et à l’Université de Caroline du Nord. Ces étudiants sont proportionnellement sous-représentés dans ces établissements compte tenu de leurs résultats académiques, supérieurs à la moyenne, a-t-elle plaidé.

Après avoir perdu devant plusieurs tribunaux, l’association s’est tournée vers la Cour suprême et lui a demandé de profiter de ces dossiers pour déclarer que la Constitution interdit toutes les discriminations, y compris positives. En acceptant son recours alors qu’elle rejette la grande majorité des affaires qui lui sont adressées, la haute juridiction a laissé entendre qu’elle pourrait lui donner raison, ce qui aurait d’immenses répercussions, dans le secteur éducatif, mais aussi de l’emploi.  […]

Le Figaro (article intégral)

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