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Alors que les «conscrits», les nouveaux admis à l’École normale supérieure à Paris, feront leur rentrée dans quelques jours, le 5 septembre, les discussions des normaliens poursuivent leur cours tumultueux : la rue d’Ulm est peut-être à la veille, en effet, d’une décision importante aux allures de singulier retour en arrière. Des élèves et association de l’école demandent l’interdiction de certains couloirs de l’internat aux «hommes cisgenres», c’est-à-dire les hommes qui se considèrent comme des hommes, selon un néologisme formé par l’écrivain transsexuelle Julia Serano.

Celui-ci était jusqu’ici indistinctement ouvert aux normaliens des deux sexes, sans séparation géographique entre les couloirs des filles et ceux des garçons. Les élèves de l’École qui le souhaitent peuvent même demander à vivre à deux dans une même chambre. Mais, désormais, certains couloirs pourraient bien être prochainement interdits aux «hommes cisgenres». En clair, il s’agirait du retour à une non-mixité, partielle ou totale. Cela à la demande d’élèves et d’associations de l’ENS qui s’inquiètent d’une plus grande vulnérabilité des femmes ou des personnes appartenant à des minorités sexuelles, du fait de la présence d’hommes dans les couloirs de l’internat.

Selon le compte rendu, consulté par Le Figaro , une première élève a soutenu que certains de ses condisciples avaient établi l’an passé des « listes de baisabilité » . Elle a alors réclamé le droit, pour les internes qui le souhaitent, d’avoir leur chambre dans un couloir non mixte. « Plus tard dans l’AG, elle affirme en réponse à certains arguments qu’il ne faut pas exclure la possibilité que tous les hommes soient des violeurs » , précise sobrement le compte rendu. Les discussions s’échauffent, un autre élève estime à son tour que « l’ENS en tant qu’institution a le devoir de donner à ceux qui le souhaitent une chambre en non-mixité » . D’autres objectent que cela n’irait pas sans poser d’importantes difficultés, puis s’interrogent : les garçons auraient-ils malgré tout le droit de traverser le couloir pour se rendre d’une partie du bâtiment à une autre ? Les trans seraient-ils admis ? Et les « non-binaires » ?  […]

Si elle était finalement actée, l’instauration d’une non-mixité à l’internat de l’ENS constituerait néanmoins un surprenant clin d’oeil à l’histoire : alors que l’école s’est retrouvée plongée, il y a un demi-siècle, au coeur des événements de Mai 68 dans le Quartier latin, comment ne pas songer en effet que la révolte étudiante était née, à l’époque, de la revendication des garçons de Nanterre de pouvoir entrer dans les dortoirs des filles ? C’était du reste le point de départ de l’altercation du 8 janvier 1968 entre le ministre de la Jeunesse et ses Sports, François Missoffe, et le jeune Daniel Cohn-Bendit, lequel reprochait au gouvernement de ne pas tenir compte des « problèmes sexuels des jeunes » . […]

Le Figaro

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