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Dans un entretien avec « Marianne », l’essayiste Gaël Brustier, qui a travaillé sur la question de l’hégémonie culturelle, de la droitisation de la société ou bien celle du populisme de gauche, analyse ce que racontent les résultats des élections législatives.

Marianne : Comment l’analyste de la droitisation de la société française que vous êtes analyse-t-il l’élection de 89 députés RN à l’Assemblée nationale ?

Gaël Brustier : C’est une des illustrations de cette droitisation, tant il y a plusieurs illustrations d’un phénomène qu’on appelle « droitisation », parce qu’il a bien fallu trouver un terme. Le « cœur du réacteur » de la droitisation est la prise de conscience ou l’angoisse devant le « déclin de l’Occident », notion à prendre avec beaucoup de pincettes mais qui pointe une profonde réalité vécue différemment selon les sociétés mais aussi les groupes sociaux. Il y a des « occidentalismes » : déjà, celui des riches et celui des pauvres. Le premier, c’est celui qu’on pourrait définir comme l’occidentalisme des lecteurs de Pascal Bruckner, avec toutes les variétés de néoconservatisme en général, qui sont des formes plutôt sophistiquées. L’occidentalisme des pauvres passe par le vote RN, et historiquement FN. Tout comme celui de la Lega en Italie ou le trumpisme par exemple.

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La victoire de Mélenchon est-elle en trompe-l’œil ?

La Nupes a été la « panic room » du peuple de gauche. Ce fut plus une tournée d’adieu de la gauche, plus un baroud d’honneur qu’une marche triomphale. Il y a beaucoup de gens responsables, par leurs discours et par leurs actes, de la brutalisation des codes de la société française, et ce dans différentes familles politiques. Ce qui se payera de manière catastrophique à terme. Par le flirt avec le trotskisme anglais SWP, ou une forme d’antisionisme tout à fait suspect et qui défend moins les intérêts des Palestiniens qu’il ne diffuse une explication du monde rédhibitoire pour beaucoup, des secteurs de la gauche radicale se sont enferrés dans un manichéisme électoral délétère.

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« Le groupe Mélenchon est cent fois coupable de la brutalisation des codes de la société. »

Marianne

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