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Pour certains, les wokes représentent une idéologie qui veut déconstruire la France. Pour d’autres, ce serait juste s’engager contre les discriminations. Pour éclairer cela, le sociologue Alex Mahoudeau a publié un essai : La panique woke. Entretien.

Dans un café du 18e arrondissement de Paris, rue Riquet, Alex Mahoudeau déguste une infusion. Mieux connu sous le pseudo Pandov Strochnis sur Twitter, il suit et décortique toutes les histoires où le terme « wokisme » est prononcé par tel intellectuel ou telle personnalité politique. (…) Celui qui est chargé d’études à l’université de Paris-Est Marne-la-Vallée a poussé l’analyse dans un essai : La panique woke, anatomie d’une offensive réactionnaire, publié début mai (Éd. Textuel). L’occasion de faire un point sur ce grand méchant Woke.

LIRE => L’IDEOLOGIE WOKE : la comprendre et y faire face

Pour vous, c’est quoi le wokisme ?

Je ne sais pas et les gens qui en parlent ne le savent pas non plus. lls ne sont pas d’accord entre eux. Pour certains, le wokisme est un remplacement de la religion. Pour d’autres, parfois les mêmes, c’est une idéologie dérivant du « gauchisme » et notamment de la French Theory – menée par Jacques Derrida ou Michel Foucault. Ces universitaires expatriés aux USA auraient développé une idéologie dangereuse qui reviendrait en France pour réaliser une révolution culturelle et provoquer une forme de communisme. D’autres encore peuvent penser que le wokisme ce n’est pas ça, et que c’est un outil utilisé par les grandes entreprises pour manipuler ceux qui veulent s’investir dans des causes sociales. Et la dernière version, c’est que le wokisme serait une maladie mentale. Parce qu’on est une jeunesse qui a eu un trop grand confort psychologique et matériel et qu’on ne saurait pas lui dire non – alors qu’on a vécu l’après 11 septembre, la guerre en Irak, le crack de 2008, le Covid…

Maintenant, ma réponse à moi, c’est que le wokisme est un grand sac dans lequel on a mis tous les gens qu’on n’aime pas à un moment donné : des féministes, des antiracistes, des personnes de gauche, des végans, des LGBT pour dire : « Ces gens-là sont des méchants et on va leur faire peser tous les problèmes sociaux et surtout ne pas prendre en compte le fait que les choses contre lesquelles ces gens se mobilisent pourraient avoir une quelconque réalité matérielle ». Pour eux, les antiracistes se font des films et, comme ce sont des wokistes, ils accusent des gens et des situations d’être racistes alors qu’il n’y en a pas.

LIRE => L’anatomie du wokisme

Il y a une différence avec l’islamogauchisme ?

En réalité, c’est pratiquement la même chose. Des groupes qui critiquent le wokisme comme l’association Vigilance Université, l’Observatoire du décolonialisme ou certains intellectuels ont changé leur fusil d’épaule sans changer de discours. Avant le wokisme, ils appelaient ça la cancel culture ou l’indigénisme. Ils changent régulièrement les étiquettes car de toute façon, ils s’en tapent de quel nom a leur panique morale du moment. Pour l’islamogauchisme, la seule distinction avec le wokisme pourrait exister dans sa fibre, qui ne relève pas d’une panique morale à mon avis mais plutôt de l’islamophobie. La construction d’un problème public que représenteraient les musulmans en France n’est pas cyclique ou volatile comme pourrait l’être une panique morale. Au contraire, elle s’est construite au fil des années en France.

LIRE => « De nombreuses problématiques wokes correspondent à l’agenda islamiste »

(…)

Il y a eu un débat au Sénat le 1er février dernier, sur « les menaces que les théories du wokisme font peser sur l’Université, l’enseignement supérieur et les libertés académiques ». Qu’en ont conclu les sénateurs ?

Quedal. Le débat n’a pas eu lieu, c’est ça qui est intéressant. La ministre Sarah El-Haïry a juste répondu à chaque interpellation pour dire que le gouvernement avait fait ce qu’il fallait car il s’était engagé à ce que tous les événements annulés dans les facs soient réorganisés. Mais c’est quand même une panique qui a rendu acceptable l’idée de dire pour un député [François Jolivet, LREM, ndlr.] qu’il voulait faire une commission d’enquête sur un service public : l’université. Ce qui est inquiétant. C’est une période qui a normalisé que la grande presse devienne l’arbitre de ce qui est vrai ou faux scientifiquement dans un certain nombre de disciplines. Et on voit que ça peut glisser très vite. Aux USA, on est vite passé des sciences humaines aux sciences tout court.

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Street Press

Merci à BB.

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