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Sur ce plan, quel effet a eu la pandémie ? On sait qu’elle a exacerbé l’isolement des jeunes…

En vérité et sur le sujet qui nous importe ici, j’ai pu voir un effet bénéfique des confinements. Je veux dire, des filles qui étaient en plein dans la contamination transgenre ont, à cause de la pandémie, passé beaucoup plus de temps chez elles, avec leurs parents. En fait, ces adolescentes ont tendance à aller mieux après qu’avant. Beaucoup se sont éloignées de la transidentité. Comme si, en passant plus de temps, dans la vraie vie, avec des proches, elles avaient fini par se sentir moins mal à l’aise avec leur corps, moins seules, moins déprimées. Mais la pandémie a aussi fait des ravages. Des jeunes ont passé beaucoup plus de temps en ligne, isolés du monde physique. Chez ceux-là, on voit de mauvais résultats. La fausse dysphorie de genre a augmenté, mais aussi l’anxiété et l’automutilation.

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C’est vrai que lorsqu’on vous lit, on en vient à trembler d’avoir 15 ou même 20 ans aujourd’hui. Selon vos recherches, qu’est-ce qui immunise contre cette tendance ?

Très certainement le fait d’avoir des parents qui savent vous éloigner des réseaux sociaux, vous pousser dans le vrai monde et qui n’ont pas peur d’ affirmer leur autorité. Bien sûr, je ne parle évidemment pas de parents violents et maltraitants. Mais de parents qui disent « Ici, à la maison, c’est nous qui dictons les règles et qui posons les limites et, désolés, ma petite, mais tu es une fille ». Cela semble très utile. Évidemment, si une fille découvre le transgenre à 18 ou 20 ans, il y a peu de chances qu’elle écoute ses parents. Mais à 12 ou 13 ans, ça peut fonctionner. On peut lui dire « Dans cette maison, on ne porte pas de binder, parce que c’est dangereux ». Avoir des parents capables de mettre le holà, ça peut faire toute la différence.

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En début d’entretien, vous disiez que ce livre aurait pu être un exposé féministe, mais il l’est vraiment. Après tout, le message qui le traverse – il faut arrêter de faire de l’homme, du mâle humain, la mesure de toute chose – est fondamentalement féministe.

Dans une certaine mesure, je pense que la contagion trans chez les adolescentes américaines vient aussi du fait que, pendant des années, nous avons transmis aux filles un message très négatif. À savoir que tout ce vers quoi elles sont statistiquement, naturellement, attirées, c’est moins bien que les intérêts et les goûts des garçons. Voyez comment, culturellement, nous sommes obsédés par la parité dans l’ingénierie et les mathématiques. Évidemment, je pense que c’est merveilleux d’être une femme mathématicienne, mais qu’on cesse de faire croire que c’est mieux pour une fille que de vouloir étudier la littérature. Comme si la réussite dans ce domaine ne valait rien. À mon avis, il y a mieux pour que les jeunes femmes se sentent bien dans leur peau.

Le Point


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