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Le politologue spécialiste de l’extrême droite Sylvain Crépon évoque les enjeux de la rentrée politique de Marine Le Pen, qui sera résolument tournée vers l’élection européenne de mai 2019 malgré ses nombreuses difficultés actuelles.

Imaginez-vous la perspective d’une mort financière de ce parti, comme le laisse envisager Marine Le Pen ?

Je ne peux pas me prononcer sur la gravité de cette situation financière, mais le Rassemblement national ne va pas disparaître. Ce parti est une marque, une offre, qui répond à une “demande”, ou en tout cas qui a un fort potentiel électoral. A ce stade, personne n’est capable de prendre sa place dans le paysage politique français. Et puis on peut faire campagne même avec de grandes difficultés économiques. Il faut se rappeler du FN de Jean-Marie Le Pen, après la scission des mégrétistes. En 2002, ce parti n’a pas vraiment d’argent et Jean-Marie Le Pen fait une campagne à l’économie. Ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre le deuxième tour en obtenant un nombre record de voix. […]

Comment sera jugé un succès ou un échec du Rassemblement national lors de cette élection européenne?

Le FN avait réalisé un score très élevé en 2014, avec 24,86% des voix. S’il fait autant ou même mieux, ce serait une performance majeure. Cette élection aura de toute façon valeur de test pour ce parti, car il s’agit de la première d’envergure depuis la présidentielle de 2017 qui a représenté à la fois une victoire et un échec pour ce parti. Beaucoup de personnes, notamment en interne, y ont vu en effet le verre à moitié vide, du fait de la focalisation du débat de l’entre-deux-tours. […]

Marine Le Pen sera-t-elle attendue d’abord sur son projet européen ?

Ses adversaires vont en tout cas l’emmener sur ce terrain. Les frontistes restent difficilement audibles sur ce sujet. Il y a encore beaucoup de tergiversations. L’angle avec lequel le parti va attaquer la campagne est donc effectivement une grande inconnue : vont-ils plaider pour un “Frexit”? Cela n’en prend pas le chemin et les électeurs n’en sont pas forcément convaincus. […]

Le JDD

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