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Une professeur de lettres classiques, Isabelle Dignocourt, écrit son désarroi face à la réforme du collège voulue par la ministre de l’Éducation. Celle-ci ne lui a pas répondu… Jean-Paul Brighelli, agrégé de Lettres modernes et chroniqueur au Point, publie cette lettre.

La Poste n’est plus ce qu’elle était. En mars 2016, une enseignante du Pas-de-Calais a écrit à Mme Vallaud-Belkacem pour lui dire son désarroi face à une réforme mal conçue, mal préparée, et qui va envoyer dans le mur des millions d’élèves. […]

Madame le ministre,

En septembre 2016, je franchirai les portes de ma classe pour la 25e année… Cela aurait pu être un bel anniversaire, n’est-ce pas ?
Vingt-cinq années au service de mes élèves, latinistes, pour la plupart… Oui, je suis professeur de lettres classiques… Enfin, j’étais… […]

Avant que vous ne décidiez cette abjecte réforme du collège et la mort programmée de mon enseignement. À vous qui portez cette réforme et la défendez, à vous qui prônez la réussite pour tous et déclarez la fin de l’élitisme au nom de l’égalité pour tous, à vous qui entendez défendre les valeurs de la République, je veux raconter l’histoire d’une enfant de l’École de la République, je veux raconter l’histoire de 25 ans de carrière au service de cette École de la République. Je veux raconter mon histoire et ma vocation, que vous êtes en train de détruire.

Arrière-petite-fille d’un domestique qui ne savait ni lire ni écrire, petite-fille d’une femme de ménage, j’ai été élevée à l’école du courage, à celle de l’effort et du travail. […]

J’ai eu le « droit », parce que j’y ai travaillé avec ardeur, de poursuivre cette recherche d’excellence, de connaissances et de savoirs en classe préparatoire de lettres à l’époque où aucun quota n’existait pour les enfants d’ouvriers ou des cités. J’ai mérité ce droit simplement par mon travail et mon acharnement. […]

Le Point

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