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A huit mois de la primaire de la droite et du centre, Marc Crapez, chercheur en science politique associé à Sophiapol, s’interroge sur ce que signifie le fait d’être de droite. Il estime que la «droitisation» des débats est une escroquerie intellectuelle.

Au sein des professions intellectuelles, la gauche s’assume comme telle, alors que la personne de droite, de peur de se retrouver isolée sinon « blacklistée », affiche souvent un souci d’ouverture afin de donner des gages.

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Le coeur des débats s’est-il droitisé? Vous semblez le réfuter dans votre livre Eloge de la pensée de droite…

Les tendances observables dans la vie politique française indiquent depuis quarante ans un processus continu de gauchisation. Primo, il n’existe plus de personnalités aussi à droite que Poniatowski ou Pasqua.

Secundo, ce sont des personnalités comme Chirac ou Juppé qui ont effectué des glissades de gauchisation (le premier était surnommé «facho-Chirac» et le second prônait le «retour au pays» des immigrés). Tertio, en dépit des accusations et procès d’intention, la question des alliances électorales avec le Front national n’a jamais été aussi peu à l’ordre du jour (même pour des personnalités considérées comme droitières, tels Xavier Bertrand et Christian Estrosi).

Quarto, si la droite n’a pas bougé, le FN suit un processus de «dés-extrême-droitisation» depuis deux décennies. […]

Existe-t-il un complexe de l’homme de droite qui trancherait avec une éventuelle fierté de l’homme de gauche ?

Oui, puisque la personne de gauche se déclare plus facilement à son entourage, ou aux sondeurs, tandis que la personne de droite use volontiers de divers périphrases. […]

Cette question des professions intellectuelles est importante puisque celles-ci contribuent à «faire l’opinion» et qu’elles penchent nettement à gauche. Dans ces milieux, l’expression «marqué à droite» n’a pas son équivalent pour la gauche. Il est, en effet, considéré comme légitime d’être très à gauche et l’expression «extrême-gauche» est prohibée, on doit dire la «gauche de la gauche». À l’inverse, les intellectuels sont prompts à «extrême-droitiser» tout ce qui déborde «à droite du centre-droit», selon la formule de l’un d’eux. […]

Le Figaro

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