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En 2008 et 2009, l’ancien président s’est appliqué à sauver la vie du journal communiste. Une tâche qui ne fut pas une mince affaire…

« Rendez à César ce qui appartient à César » dit l’adage. Voilà pourtant un fait d’armes que le « héros » de l’histoire s’est bien gardé de revendiquer. Entre 2008 et 2009, les services de l’État se sont affairés à un sauvetage un peu particulier, piloté directement depuis le palais de l’Élysée : celui du journal L’Humanité.

L’ancien organe du Parti communiste français (PCF) fait alors face à de lourdes difficultés financières qui mettent son avenir en péril. Touchée à la fois par la crise de la presse et celle du PCF, L’Humanité affiche des résultats déficitaires : elle perd ainsi 2,72 millions d’euros en 2007 puis 3,17 millions en 2008. Pour assurer sa survie, le journal, endetté à hauteur de plus de 8 millions, se résigne à mettre en vente son siège.
Le bâtiment, conçu par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, attise la convoitise d’un investisseur suisse, le comte Richard Von Goetz. (…) Mais la crise financière qui éclate entre-temps fait capoter la vente. Le journal se trouve alors plus que jamais en difficulté. (…) Le salut de L’Humanité viendra d’ailleurs. En mai 2008, le président Nicolas Sarkozy a annoncé que des états généraux de la presse écrite, télévisée et radiophonique seraient organisés à l’automne. Objet de ce grand raout : mettre à plat les difficultés économiques du secteur des médias. La concordance des temps ne pouvait pas mieux tomber pour L’Humanité. Emmanuelle Mignon, l’ex-directrice de cabinet du président tout juste renommée conseillère spéciale, est chargée d’organiser l’événement. Très vite, elle apprend l’ampleur des difficultés auxquelles le quotidien communiste est confronté et fait remonter l’information au président. Une solution est alors envisagée : faire racheter par l’État le siège de L’Humanité.
Dès le courant de l’été 2008, une étude est commandée à France Domaine. (…) Mais les services du ministère de l’Intérieur sont loin de goûter l’idée de cet achat. Un premier avis de France Domaine, rendu le 4 août 2008, évalue la valeur vénale de l’ancien siège de L’Humanité à 13,258 millions d’euros. Une somme largement supérieure aux moyens investis dans la même période pour la modernisation des sous-préfectures. À Aix-en-Provence et à Mulhouse, où la construction de bâtiments flambants neufs est prévue, deux sommes de respectivement 7,4 et 7,52 millions d’euros ont été budgétées. Des montants presque deux fois inférieurs au coût du siège de L’Humanité. Cela, sans compter les travaux nécessaires au réaménagement des locaux dont la facture promet elle aussi d’être salée.
« Tout indiquait que l’opération allait être un vrai gouffre financier. Mais nous n’avions pas le choix. Les ordres venaient directement de l’Élysée », confie sous couvert d’anonymat un haut fonctionnaire témoin de l’opération au ministère de l’Intérieur. Les deux principaux architectes du rachat du siège de L’Humanité sont Emmanuelle Mignon et Nacer Meddah, le nouveau préfet de Seine-Saint-Denis, qui se fera connaître en 2012 comme secrétaire général de la campagne de François Hollande pour la présidentielle.
Un nouvel avis d’évaluation est livré en juillet 2009 par France Domaine avant la finalisation du rachat. Le siège de L’Humanité y est réévalué à 12 millions d’euros. Une révision à la baisse que l’agence publique justifie en raison de l’absence d’acquéreur autre que l’État, de la baisse du marché immobilier et de l’ampleur des travaux estimés à un minimum de 7 millions d’euros.
Le rachat du siège de L’Humanité est signé dans les locaux de la préfecture de Bobigny, le 22 décembre 2009. Le prix a été fixé à 12,5 millions d’euros. Somme à laquelle viendra s’ajouter pour l’État le montant des travaux nécessaires au réaménagement du bâtiment finalement évalués à 20 millions d’euros soit près de trois fois l’estimation de France Domaine ! Mais le coût de l’opération ne s’arrête pas là. (…)
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