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 Pour éviter un défaut de paiement, l’Ukraine a décidé d’appliquer une méthode qui a plutôt réussi à Chypre en 2013 : la taxation des épargnants. Le risque de bank run est assez limité, à condition que la banque centrale impose rapidement des mesures de contrôle des flux de capitaux afin d’éviter la panique généralisée.

Par Christopher Dembik

Les ukrainiens ont retiré 7% des dépôts bancaires en l’espace de trois jours (18,19 et 20 février 2014)
Face à la gabegie des finances publiques, un pays a plusieurs alternatives s’il veut éviter une restructuration douloureuse de sa dette. Parmi lesquelles,

obtenir une aide financière extérieure ou taper sur les épargnants.

L’Ukraine a opté pour les deux solutions. En attendant l’aide de plusieurs milliards de dollars de l’UE qui devrait permettre d’éviter un défaut de paiement dans l’immédiat, à marche forcée, le pays va adopter une taxe sur les plus riches.

Des économistes aussi différents les uns des autres que Pigou, Ricardo ou Schumpeter ont, chacun dans leurs écrits, évoqué l’idée d’une taxe similaire. Il aura seulement fallu attendre l’aventure chypriote pour qu’elle soit mise en application de nos jours.
Rappelez-vous, à l’époque, il était question du sauvetage des banques du paradis fiscal en ponctionnant sur les comptes de plus de 100 000 euros près de 46,5 %.
Le cas ukrainien relève du même principe. Deux différences toutefois :
– Premièrement, l’assiette de la taxe est plus large, puisqu’elle devrait concerner tous les comptes au-delà de 50 000 hryvnias (moins de 4 000 euros), soit près de 10 % de la population.
– Deuxièmement, son ampleur est plus faible puisqu’il s’agira non pas de taxer directement les dépôts, mais plutôt les intérêts sur les dépôts.
Le risque d’une telle mesure est de déstabiliser encore davantage un système financier qui est fragilisé par le changement de régime à Kiev et la nationalisation probable des branches locales de banques en Crimée dans la foulée du rattachement à la Russie.
Pour y faire face, la banque centrale d’Ukraine pourrait encore davantage accentuer les contrôles sur les capitaux, en suivant l’exemple réussi de Chypre.
Pour l’instant, les files d’attente sont absentes devant les banques et les distributeurs automatiques dans les grandes villes d’Ukraine. C’est toutefois un chaos économique qui semble attendre le pays.
À la merci de la pression des marchés financiers et face à une Russie cherchant à constituer un véritable glacis stratégique en Europe de l’Est, le nouveau gouvernement à Kiev aura un mal certain à imposer le renouveau.
lesechos.fr

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