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Extraits d’une tribune de Alain Duhamel intitulée «Le parfum aigre des années 30» évoquant «cette régression démocratique, cette rechute nationaliste dégagent une sale odeur d’années 30». Le 27 mars 2013 il avait publié une tribune : «L’aigre parfum des années 30»

PS ou UMP, les deux principaux partis sont semblablement atteints et déconsidérés à travers les figures mises en cause ou démasquées. L’effet est dramatique, parce qu’il ouvre la voie aux populismes et à la démagogie. Il est consternant, parce que la démocratie française ne parvient décidément pas à se montrer vertueuse.

Depuis que l’on observe une montée incontestable des populismes et de l’extrême droite en Europe, la comparaison avec les années 30 suscite un débat. Les uns insistent sur la parenté des deux périodes, les autres jugent le rapprochement exagéré, voire artificiel. Les derniers événements donnent cependant manifestement raison aux tenants de la ressemblance. Un parfum aigre des années 30 ne cesse de se renforcer. La crise économique en constitue le décor décisif. Elle avait fait des ravages au tournant des années 30. […]

La technologie moderne noircit encore plus le climat que jadis Gringoire, Candide ou l’Action française.

La longueur de la crise, sa dureté suscitent un périlleux désenchantement : à travers les alternances et les spécificités nationales, le sentiment de l’impuissance du politique s’enracine. Ils essaiment en Europe, notamment en Europe méditerranéenne et dans les Balkans, ils triomphent en France, plus qu’ailleurs. Le scepticisme vis-à-vis du personnel politique et souvent le mépris s’intensifient. La tentation de l’abstention ou de l’extrémisme se renforce. Le pessimisme devient le premier caractère national, le ressentiment le suit de près. Personne ne peut raisonnablement en douter : la démocratie française est malade et seules les institutions empêchent que la dégradation ne s’amplifie encore. Ce dernier point constitue d’ailleurs une des rares différences positives avec les années 30. […] On pouvait espérer, jusqu’à ces derniers mois, qu’au moins l’Europe constituerait un stabilisateur et un rempart. Il faut déchanter. Comme durant les années 30, la montée des populismes et des extrémismes s’accompagne mécaniquement d’une montée des protectionnismes, des nationalismes et des xénophobies. Dans une première phase, on a pu croire qu’il s’agissait de phénomènes avant tout internes.
Ils ont néanmoins permis à l’extrême droite ou au populisme de participer à un moment ou à un autre au gouvernement en Autriche, aux Pays-Bas, en Slovaquie, en République tchèque, aujourd’hui en Serbie et surtout en Hongrie. On constate maintenant que des tensions croissantes entre Etats se manifestent, qu’une agressivité nouvelle affleure, que des prétentions territoriales apparaissent.
La Russie n’appartient certes pas à l’Europe démocratique mais l’Ukraine, si. On l’ampute de la Crimée avec un argument ethnique et culturel qui reproduit dramatiquement celui qui était employé avant la Seconde Guerre mondiale.
Libération

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