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Addendum 02.02.2014 :
Extraits du discours de la Présidente du CRIF Rhône-Alpes, Nicole Bornstein, le jeudi 30 janvier 2014, devant son invité Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale.
Depuis une vingtaine d’années, un antisémitisme franc, celui classique, d’extrême droite, ou à peine voilé ou subtilement voilé dans d’autres couches de l’opinion, s’est épanoui sous couvert d’antisionisme. […] Un malaise nous habite… Alors pourquoi ?

Force est de constater qu’entre une frange de plus en plus large de nos concitoyens et notre république, notre démocratie, ses instances, ceux qui les représentent, mais aussi toutes les institutions qui gravitent autour, celles qui la font vivre, un fossé se creuse.

Toutes les valeurs que ces institutions et ces personnes représentent, les lois, le respect de l’autre, la laïcité, l’antiracisme sont bafoués, dénigrés, le tout étant qualifié de système.
Ne nous y trompons pas. Notre démocratie est malade.
Mais enfin, qui s’attaque à nos institutions ? Qui sont ces fameux quenellistes antisystème ?
• Des nationalistes, des nostalgiques de l’extrême droite, des néopoujadistes, des populistes que l’on voit prospérer ici et un peu partout en Europe
• Mais aussi : des militants des mémoires oubliées et des mémoires érigées en concurrence
• Des déracinés en crise identitaire, des racistes anti-blancs
• Et entrainés dans leur sillage, des frustrés de tous horizons : les exclus, vrais, ou faux, les victimes de la crise économique et d’une mondialisation mal digérée, les marginalisés, vrais, ou faux, les sans boulots, les sans but, les laissés pour compte de l’éducation nationale, les perdus de la culture, les enragés de la webosphère,
• enfin les ignorants ! […] Ce que nous espérons, c’est voir se soulever une vague d’indignation en réponse à tous ceux qui tentent de déstabiliser notre république. Une vague qui nous montrerait qu’institutions, leaders d’opinion et citoyens sont à l’unisson dans la même défense des valeurs de notre démocratie.
Crif
Discours du Président de l’Assemblée nationale au dîner du CRIF Rhône-Alpes, jeudi 30 janvier 2014

C’est une joie en même temps qu’un grand honneur pour moi de vous retrouver ici, à quelques kilomètres seulement de là où se déroula, le 5 septembre 1944, la première réunion publique de l’histoire du CRIF. Madame la Présidente, chère Nicole Bornstein, merci pour cette invitation, merci pour ce dîner républicain et laïc. Oui, laïc, parce qu’il invite les membres d’une même famille, la nôtre – la France – à se réunir autour de la même table ; quelles que soient nos croyances, nos idées, notre religion, nos origines. Car la laïcité, ce n’est pas l’anticléricalisme. La laïcité, ce n’est pas l’ennemi des religions. La laïcité c’est la liberté de conscience pour chacun et pour chacune. C’est-à-dire la liberté de croire, mais aussi la liberté de ne pas croire. La liberté de pratiquer une religion, mais aussi la liberté de ne pas pratiquer une religion. La laïcité, c’est l’égalité entre les religions, et entre les croyances. C’est l’indépendance de l’État par rapport au religieux. Mais le fait d’être indépendant ne veut pas dire que l’on s’ignore. Bien au contraire. C’est justement parce que nous sommes indépendants, que nous débattons et que nous dialoguons ensemble librement. Oui, ce dîner est un dîner républicain, parce qu’il nous offre l’occasion de réaffirmer notre attachement aux valeurs de la République. Et dans ce cadre, notre détermination à tout faire pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme dans notre pays. Oui, républicain, parce que depuis plus de deux siècles, l’histoire des Juifs de France et l’histoire de la République convergent, s’entrecroisent, et s’enlacent.
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Cette histoire, l’Assemblée nationale la connaît bien.
C’est en partie en son sein, qu’elle s’est écrite.
Ne l’oublions pas : l’émancipation des Juifs de France, fut l’un de ses premiers débats.
C’est à l’Assemblée nationale qu’en 1789, l’érudit Beer Isaac Beer, demanda aux premiers représentants de la Nation de « déchirer le voile d’opprobre qui couvrait depuis si longtemps les juifs de France ».
C’est à l’Assemblée nationale, que deux ans plus tard, le député Adrien Duport proposa que les Juifs se voient reconnaître la qualité de citoyens. Certains tentèrent de s’y opposer, mais le Président de l’Assemblée de l’époque, les avertit : « ceux qui parleront contre cette proposition, (…) c’est la Constitution elle-même qu’ils combattront ».
C’est à l’Assemblée nationale que fut finalement votée, le 27 septembre 1791, la loi attribuant aux juifs de France, le statut de citoyens.
Dans toute l’Europe, se propage alors une expression yiddish : « Heureux comme un juif en France ».
Cette histoire commune, s’incarne également dans les visages et les destins de plusieurs représentants de la Nation….
Dimanche dernier, il prenait part à un défilé dans les rues de Paris. Avec ces slogans : “Juif, la France n’est pas à toi”, “Faurrisson a raison, la Shoah c’est bidon”.
Cet antisémitisme, il veut s’installer dans nos villes, dans nos quartiers, dans nos écoles.
C’est une chose à laquelle je ne puis me résoudre que 70 ans après la Shoah ; que 69 ans, quasiment jour pour jour, après qu’Auschwitz ait été libéré – révélant ainsi ses terribles vérités – la page de l’antisémitisme ne soit pas tournée.
Pourtant, les faits parlent d’eux-mêmes. Les années 80 et 90 nous avaient mis en garde.
A raison. Les années 2000 nous ont plongés dans un terrible paradoxe. Alors que la France n’a jamais été aussi diverse, aussi ouverte, aussi tolérante ; alors que jamais les Français n’ont rejeté, autant en masse, l’antisémitisme – sans doute grâce au travail de mémoire effectué dans notre pays – ; jamais les extrémistes n’ont été aussi violents.
Jamais les mots prononcés, les actes commis n’avaient atteint une telle intensité.
En 2006, un jeune français, Ilan HALIMI, a été kidnappé, torturé, et assassiné en France parce qu’il était juif.
En 2012, des enfants français – Myriam MONSONEGO, Jonathan SANDLER, Arieh SANDLER – et le père des deux garçons – le rabbin Jonathan SANDLER – ont été assassinés en France parce qu’ils étaient juifs.
Nous le savons tous ici : ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’avenir de la République et de la France.
Oui, l’avenir de la République est en jeu. Parce que dans notre histoire, l’antisémitisme ne grandit que quand la République vacille.
Oui, l’avenir de la France est en jeu.
Parce que les juifs de France – comme chacune des familles de notre patrie – portent en eux une part de l’identité et de l’histoire de notre pays.
Voilà pourquoi – je ne cesse de le répéter – : tout acte antisémite commis sur notre territoire, est un acte antifrançais. Tout meurtre antisémite est un meurtre antifrançais.
Et lorsque la communauté française est attaquée, c’est à la communauté française de répondre, dans l’unité.
Faire face à l’antisémitisme, comme nous devons faire face à tous les racismes : voilà notre combat.
Pour cela, nous devons être intraitables avec l’antisémitisme, et cela quelle que soit sa forme.
Nous avons assisté, ces dernières semaines, à des débats un peu étranges : « Peut-on rire de tout ? », « La parole sur scène est-elle sacrée ? », « La liberté d’expression est-elle en danger ? ».
Alors, laissez-moi être parfaitement clair.
L’antisémitisme est un délit.
Ce n’est ni une opinion, ni une expression, ni une forme d’humour.
Un délit ça ne se justifie pas. Ça ne s’excuse pas. Ça ne se comprend pas.
Un délit, ça se condamne.
Un délit, ça se punit.
Voilà pourquoi nous devons avoir recours à tous les moyens juridiques pour empêcher et condamner toute expression antisémite. De même, que nous devons tout mettre en œuvre – y compris par la voie législative – pour qu’aucun auteur d’actes antisémites ne puisse se soustraire à la justice.

Oui, nous devons être inflexibles, face à tout acte, tout propos, toute parole, tout geste antisémite. Toute « blague » antisémite. Parce que le rejet et la haine de l’autre, ça commence toujours par une mauvaise blague.

Ne laissons jamais l’idée s’installer qu’ « après tout ce n’est pas grave… ce ne sont que des mots… ça ne tue pas ».
Suite du discours sur le CRIF

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