Fdesouche
[…] Dans la caravane, un chauffage au gaz, de fortune lui-aussi, adoucit un peu l’atmosphère, mais dans le jerrycan, l’eau a gelé et la vaisselle sale devra attendre. C’est Djamila Vanbastelaere, la quarantaine, qui aide à la traduction. Tourquennoise, Djamila habite en centre-ville, à 10 minutes en voiture de là, et jusqu’il y a une quinzaine de jours, elle ne s’était guère alertée du sort de Biseva et de sa famille. « Je vais souvent à Roubaix, et je passais régulièrement devant le campement. Comme tout le monde, je fermais les yeux. » Jusqu’à ce jour, donc, où à l’entrée d’un supermarché de Tourcoing, elle croise la jeune femme. « Un vigile lui a interdit l’entrée du magasin, ça m’a révoltée. J’ai fait mes courses avec elle. » L’histoire ne s’arrête pas là.

Des liens se sont créés, Biseva lui a ouvert sa porte et donné sa confiance. Aujourd’hui, Djamila est presque considérée comme une membre de la famille. Régulièrement, elle leur « apporte de la nourriture », qu’elle collecte auprès d’amis, et des vêtements. « Ce midi, ils sont venus manger chez moi. C’est interdit ? Je n’en ai rien à faire. Regardez dans quelles conditions ils vivent…sans chauffage, ni sanitaires. » « Pas de chauffage, pas de gaz, pas à manger… »[…]

Révoltée, « écoeurée » par cette situation « invivable », Djamila Vanbastelaere agit en dehors de toute association, même si elle est en lien avec un militant de la Ligue des droits de l’homme de Roubaix. « C’est une honte pour le gouvernement français, j’ai honte d’être française, tonne-t-elle, en s’éloignant du bidonville. Je suis fille d’immigré et j’ai l’impression d’être revenue 50 ans en arrière. Hier, les Arabes ; aujourd’hui, les Roms… Personne ne bouge, mais qu’est-ce qu’on attend ? » Pourtant, le 9 février, 35 caravanes neuves devraient être livrées aux Roms du canal de Roubaix[…]. Il y a urgence. La nuit dernière, les températures ont à nouveau été négatives.

Nord Eclair

Fdesouche sur les réseaux sociaux