30/09/2024
« Que le seigneur accepte ton martyr… » Ce sont par ces mots que le recteur de l’Université islamique des sciences et technologies de Gaziantep (Turquie) a rendu hommage à Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué par une frappe d’Israël le 31 juillet dernier. Quelques semaines plus tard, la Commission européenne rendait public le renouvellement, pour la troisième année consécutive, de son partenariat Erasmus + avec cette université.
Depuis juin 2022 et jusqu’en juillet 2026, étudiants et professeurs de cette université peuvent être accueillis au sein des universités de l’Union européenne et réciproquement. Le 12 septembre dernier, l’université annonçait même être à la tête d’un projet de recherche intégralement financé par la Commission européenne, à hauteur de 250 000 euros, en partenariat avec plusieurs universités européennes.
Quelques jours après, le 18 septembre, elle se voyait accorder le droit de participer au Corps européen de solidarité (CES), programme de volontariat international de la Commission européenne pour les jeunes souhaitant s’engager dans des actions de solidarité.
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Quelques semaines plus tard, le recteur et ses vice-recteurs prennent part à plusieurs manifestations anti-israéliennes et pro-Hamas organisées sur leur campus. Les slogans affichés, repris sur le site officiel de l’université, sont sans équivoque : « L’humanité résiste pour la Palestine, ne vous arrêtez pas, agissez pour l’intifada mondiale » ; « Non au génocide » ; « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » ; « Salutations au Hamas, continuez la résistance ! »…
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Parmi les vice-recteurs, certains s’illustrent eux aussi par des prises de position assumées : Feridun Bilgin par exemple, professeur d’histoire islamique, multiplie les partages sur ses réseaux sociaux de publications contre Israël : comparaisons de l’État d’Israël aux nazis ou à l’État islamique, glorifications des massacres du 7 octobre ou encore discours véhément de l’ex-chef du Hamas Ismaïl Haniyeh niant à Israël le droit d’exister.
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12/12/2023
Enquête FDS – La Commission 🇪🇺 écarte d’Erasmus+ des universités hongroises car jugées proches de Viktor Orbán mais accepte une université “islamique” turque dont le recteur-fondateur, nommé par Erdoğan, considère que “l’homosexualité est une maladie”
L’Université islamique des sciences et technologies de Gaziantep (GIBTU) a été intégrée au programme de mobilité Erasmus+ pour les années universitaires 2022 à 2025 :
Programme 2022-2024 / Programme 2023-2025
Site officiel de l’Université des sciences et technologies islamiques de Gaziantep
Le 1er recteur de l’Université islamique de Gaziantep, Nihat Hatipoğlu, a été nommé par décret du Président turc Erdoğan du 19 janvier 2019 :
NFDS : en Turquie, “rektör” (recteur) est l’équivalent de “président d’université” en France.
Le “rektör” turc est nommé par le Président de la république de Turquie (Erdogan). Le “président d’université” français est élu par les membres du conseil d’administration de l’université.
Or, son recteur-fondateur, en fonction lorsque la Commission européenne a accepté d’intégrer au programme Erasmus+ l’Université islamique de Gaziantep, est connu pour ses déclarations polémiques :
Le recteur-fondateur de l’Université islamique de Gaziantep fait la promotion des mariages consanguins et considère que l’homosexualité est une “maladie” :
Il a défrayé la chronique en 2019, lorsqu’il a converti à l’islam en direct à la télé, un jeune arménien chrétien de 13 ans et ce, sans l’accord de ses parents :
En sa qualité de recteur de l’Université islamique de Gaziantep, il a déclaré, en réaction aux autodafés de corans en Suède début 2023, que ceux qui ont attaqué “le livre du Tout-puissant” finiront “enterrés dans les poubelles de l’histoire” :
En mars 2023, Nihat Hatipoğlu est arrivé au terme de son mandat de recteur et a été remplacé par Şehmus Demir sur nomination du président Erdogan (gazeteduvar).
L’Université islamique de Gaziantep a récemment conclu un partenariat avec Al Sharq Forum, une ONG turque puissante proche des Frères musulmans, également subventionnée par la Commission européenne :
Retrouvez notre enquête sur les financements de l’UE du Al Sharq Forum ici
Le 2 décembre dernier, le nouveau recteur condamnait “le tyrannique, barbare et inhumain génocide commis par Israël” suite au décès lors d’une frappe israélienne du recteur de l’Université islamique de Gaza, également financée par la Commission européenne :
Retrouvez notre enquête sur les financements par l’UE de l’Université islamique de Gaza
Au cours d’une récente manifestation organisée par l’Université islamique de Gaziantep “contre les attaques israéliennes”, son nouveau recteur tenait des propos menaçant : “à moins que les habitants de Gaza ne soient en sécurité, ni Israël ni aucune partie du monde ne le seront”
D’un côté, la Commission européenne a intégré au programme Erasmus+ une université islamique turque dont le recteur est nommé directement par Erdogan. De l’autre, elle a suspendu 21 universités hongroises de ce programme au motif qu’elles étaient administrées par des proches du gouvernement de Viktor Orban :
“En Hongrie, les 21 universités administrées par des fondations liées au gouvernement de Viktor Orban, dont plusieurs établissements de Budapest et les principales facultés de province, sont exclues jusqu’à nouvel ordre des projets financés dans le cadre des programmes d’échange européens Erasmus et Horizon.
Motif : la présence de figures politiques actives et de proches du pouvoir dans les conseils d’administration de ces établissements. Cette décision, approuvée le 15 décembre par les ministres des Finances européens et confirmée début janvier par la Commission européenne, accompagne le blocage de 6,3 milliards d’euros de fonds de cohésion.”
Courrier international, 19 janvier 2023
NFDS : tous les recteurs (présidents) des universités turques sont nommés par Erdogan et l’Université islamique de Gaziantep est loin d’être la seule université turque participant au programme de mobilité d’Erasmus+
Malgré les tentatives du gouvernement hongrois de se mettre en conformité, la Commission européenne continue de faire la sourde oreille :
Afin de se mettre en conformité avec les exigences de la Commission, le gouvernement hongrois lui a transmis il y a quelques mois ses propositions de réformes. La Commission n’a toujours pas daigné leur répondre alors que le dernier délai pour que les universités hongroises puissent conclure des contrats Erasmus pour 2024-2025 était le 23 novembre dernier. Le gouvernement hongrois a néanmoins demandé à la Commission un délai de grâce de trois mois supplémentaires … qui est resté lettre morte à ce jour. (infostart.hu, 24/11/23; telex.hu, 8/12/23)