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Après près de quatre ans de travaux colossaux, l’aqueduc de Roquefavour, joyau du patrimoine méconnu de la Provence, a été entièrement rénové. Deux fois plus grand que son cousin antique du Pont du Gard, il alimente Marseille en eau depuis près de deux siècles.

Au détour d’une départementale, soudain, il se dévoile, avec son imposante architecture, au milieu de la végétation. Qui pourrait croire que, sur la petite commune de Ventabren, à quelques encablures d’Aix-en-Provence, se cache le plus grand aqueduc en pierre de taille au monde ? Deux fois plus grand que son célèbre cousin antique du Pont du Gard avec ses 375 mètres de long et ses 83 mètres, l’aqueduc de Roquefavour est un des trésors cachés du patrimoine provençal.

Construit de 1841 à 1847 par 5000 ouvriers dont 300 tailleurs de pierre pour transporter l’eau de la Durance jusqu’à Marseille, l’ouvrage impressionne, et à dessein. À l’époque, la cité phocéenne, qui jusque-là puisait ses réserves en eau sur place, fait face à une épidémie de choléra qui la pousse à revoir son approvisionnement en eau. «Aujourd’hui, si vous voulez, tout le monde veut la fibre chez soi, compare Laurent Deloince, chargé des opérations au pôle eau et assainissement de la Métropole Aix-Marseille. Au XIXe, on voulait l’eau. Aussi, quand l’ingénieur Franz-Major Montrichier a conçu cet aqueduc, il s’est dit qu’il fallait faire des choses emblématiques, qui soient visuelles, pour mettre en scène l’arrivée de l’eau à Marseille. Et c’est pour ça que cet ouvrage est remarquable. Ce qui aurait été moins coûteux à l’époque, ça aurait été de faire une structure métallique d’une vingtaine de mètres de hauteur et d’y mettre un tuyau.» […]

«L’aqueduc devenait extrêmement vieillissant et on ne pouvait plus beaucoup attendre», rapporte Martine Vassal. En juin 2020, la métropole décide de mettre en œuvre un important chantier pour stopper la dégradation naturelle de l’aqueduc et sécuriser l’édifice. Des compagnons du devoir se mettent en ordre de bataille pour tenter de sauver l’aqueduc, sans toutefois jamais interrompre son exploitation. […]

En 2024, soit après 44 mois de travaux, l’aqueduc retrouve enfin de sa superbe et sa solidité. «C’est l’assurance de voir cet aqueduc transporter l’eau potable de Marseille pendant encore 150 ans», s’enthousiasme le maire de Ventabren, Frédéric Vigouroux. Pas moins de 20 millions d’euros ont été nécessaires pour la réalisation de cette gigantesque restauration, dont 62 % financés par la métropole, le reste étant assuré par l’État et l’agence de l’eau.

Le Figaro

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