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Vous avez peut-être remarqué ces derniers temps que votre ado avait tendance à transformer les « t » en « tch » et les « d » en « dj ». Il n’est pas le seul et cette tendance a un nom : l’affrication. Cela consiste à marquer excessivement les consonnes, au point de créer un effet de friction. Selon la linguiste Maria Candea, interrogée par Libération, ce tchype de phonétchique serait de plus en plus pratiqué par les collégiens et lycéens.

« C’est un son qui existe dans différentes langues, notamment l’espagnol ou l’italien. C’était aussi utilisé dans l’ancien français », souligne Médéric Gasquet-Cyrus, linguiste à l’Université Aix Marseille. Au Québec aussi, l’affrication s’est fait une place, mais outre-Atlantique les « d » sont transformés en « dz » et les « t » en « ts ». Ainsi, « tulipe » devient « tsulipe » et « direct » se transforme en « dzirect ».

Bien que très utilisée dans la cité phocéenne, l’affrication ne serait pas pour autant née autour du Vieux-Port. « Elle tient plutôt son origine des milieux populaires. Marseille est la ville populaire par excellence, c’est ce qui explique que l’affrication y est très utilisée. Il y a quelques années, on considérait même que c’était la façon de parler des quartiers Nord. Mais dans les années 1980, on constatait que l’affrication était aussi utilisée à Grenoble ou dans certains quartiers de la région parisienne », décrypte l’auteur de Dites le encore en Marseillais.

Contrairement à ce qu’affirmait Éric Zemmour sur X, l’affrication n’a rien à voir non plus avec une africanisation de la langue française. « Les pieds noirs ont participé à ramener l’affrication dans la langue française dès les années 1960. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, les pieds noirs ne tenaient pas cette habitude de l’arabe, puisqu’il n’y a pas d’affrication dans la langue arabe, mais plutôt de l’espagnol ou de l’italien », explique Médéric Gasquet-Cyrus. […]

Le Parisien

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