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«Wallah, c’est la hess». Las, Arthur jette son téléphone sur son lit. D’un geste énergique, il reprend son smartphone, ouvre une conversation WhatsApp, «grosse khapta ce soir, c’est moi qui khallass». Quand on lui demande ce qu’il veut dire, il répond d’un haussement d’épaules, «ben, la hess, c’est être dans la merde» – «embêté», dirons-nous. Et «la khapta c’est la fête», «khallasser, ça veut dire payer». En d’autres termes, Arthur est énervé et propose à ses amis une soirée pour se changer les idées.

Mais d’où viennent ces mots ? «C’est de l’arabe, je crois», tente le jeune Dijonnais, qui n’a jamais vécu ni en Algérie, ni au Maroc ou en Tunisie. «C’est comme ça qu’on parle, c’est la langue des jeunes d’aujourd’hui.» Comme lui, Bertille, 20 ans, l’utilise couramment. «Khapta, je l’utilise à balle, avoue-t-elle. Fais belek aussi, pour fais gaffe.» Elle aussi a davantage foulé le sol des établissements bourgeois que le sol maghrébin. Comment la langue arabe, davantage parlée dans les «quartiers», s’est-elle invitée à la table des bourgeois ?

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«C’est majoritairement de l’arabe maghrébin, analyse Luc Biichlé, sociolinguiste et maître de conférences à l’université d’Avignon. L’arabe littéraire étant très peu parlé en France.» Reprenons un exemple cité plus haut, «la hess», vient de l’algérien «lḥās», qui désigne l’action de lécher un plat. Utilisé aussi pour une situation de précarité. On retrouve ainsi le fameux «c’est la hess» d’Arthur.

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Le Figaro

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