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«Un bain de cinquante ans.» Cet ancien auditeur, désormais magistrat dans un grand tribunal du sud de la France, a un petit haussement d’épaules quand on lui parle de l’entrisme du Syndicat de la magistrature à l’École nationale de la magistrature (ENM). «L’idéologie développée par l’école de la défense sociale nouvelle a tellement imprégné, depuis les années 1970, la magistrature, les lois votées et la doxa populaire, que le Syndicat de la magistrature n’a pas forcément besoin d’actions concrètes pour façonner la pensée des auditeurs de justice d’aujourd’hui», soupire-t-il. «Tout le monde a parfaitement intégré les codes qui ont façonné le paradigme du procès pénal et la pensée sociale selon laquelle la délinquance est essentiellement un déterminisme. D’autant qu’il faut bien appliquer les lois pénales successives qui ont fait de la prison l’exception et l’alternative à l’incarcération la règle. Rien de plus ou de moins.»

(…) Au fil des ans, les intervenants se succèdent ou reviennent avec ce même prisme social: ainsi le sociologue Laurent Mucchielli, qui donne régulièrement des conférences à l’école, a pu estimer que «la délinquance est une fiction», quand en janvier 2022, Yoann Nabat un jeune doctorant en droit privé et sciences criminelles, simple attaché d’enseignement à l’université de Bordeaux, anime une conférence sur le sujet polémique du «choix de la peine». Son compte Twitter accuse consciencieusement la police d’un fichage systématique. Tout un programme.

(…) À cela s’ajoute un activisme syndical de tradition à l’ENM, puisque dès leur intégration, les auditeurs sont accueillis par les deux syndicats – l’Union syndicale de la magistrature étant plus présente sur le déroulement des carrières tandis que «le Syndicat de la magistrature a le goût des débats de réflexion plus que quiconque», souligne cet ancien cacique de l’école.

Enfin, le recrutement des auditeurs dit tout. Dans les années 2010, l’école avait mené une étude pour comprendre pourquoi elle recrutait toujours moins de garçons. «Clairement, la féminisation des candidats était liée à l’image d’un métier à caractère social et d’écoute et pas d’autorité», se souvient un ancien personnel de l’école. Le recrutement actuel, qui s’effectue dans les facultés de droit ou de sciences politiques, désormais biberonnées au wokisme, crée un terreau toujours plus favorable.

Le Figaro

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