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Après avoir investi la communication des facultés, ce combat idéologique s’étend désormais aux cours et aux examens.

«Votre réponse (…) peut se faire en français standard ou inclusif, avec la forme d’inclusivité que vous maîtrisez. Dans l’énoncé, les mots présentant une marque de genre non binaire ou commun sont suivis lors de leur première occurrence d’un astérisque.» Précision apportée par deux professeurs de l’université Lyon 2 qui, le 10 mai, ont proposé à leurs étudiants en droit un cas pratique comportant les termes « als» (comprendre « ils» ou « elles»), « touz» (« tous»), ou « auz» (« eux»). À la fac, la bataille idéologique autour de l’écriture inclusive vient de franchir un nouveau cap, avec l’arrivée de l’écriture «non binaire» dans un examen.

Un langage fait de néologismes – sur le modèle du fameux «iel», entré en 2021 dans l’édition numérique du Robert -, pensé pour représenter des personnes «non binaires» (qui ne se sentent ni homme ni femme). Il se propose de « dépasser l’hétéronormativité », qui « reproduit la bicatégorisation des sexes », et d’« adapter la langue à leur réalité », expliquent les militants de la cause. […]

Très présente en Bretagne (54 % des étudiants exposés), la pratique est absente en Corse ou dans le Grand Est. De leur côté, Heather Burnett, chercheuse en linguistique au CNRS et Céline Pozniak, maître de conférences à Paris-VIII, ont fait, en 2019-2020, une étude sur l’utilisation de l’écriture inclusive (des doublets au point médian) dans les universités parisiennes, en relevant dans les brochures de licence les formes du mot «étudiant».

Verdict? L’écriture inclusive est présente à 30 % à Sorbonne-Nouvelle, 29 % à Paris-XIII (Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis), 23 % à Paris-VIII-Saint-Denis. Quand elle est absente à Paris-Saclay, Panthéon-Assas ou Dauphine. Sans surprise, son utilisation est « associée à des universités réputées plus à gauche », constatent les chercheuses. Concluant à « une pratique bien ancrée, mais très hétérogène», elles poussent à la promotion d’une « forme normée pour tout l’enseignement supérieur ».  […]

Pour Paul, 21 ans, futur professeur d’histoire-géographie, « refuser l’écriture inclusive est aujourd’hui un acte politique ». Inscrit en master «métiers de l’enseignement» (Meef), dans une université de l’ouest de la France, il constate que cette écriture est « partout, de l’administration aux élèves, en passant par les profs» . « L’an dernier, un chargé de TD voulait mettre des points bonus aux étudiants qui l’utilisaient. Heureusement sans succès », raconte-t-il. Dans son «Inspé» (l’institut de formation des profs), « les trois quarts des profs l’utilisent. Une manière de nous pousser à l’utiliser », estime-t-il. […]

Le Figaro

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