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L’ONG Human Rights Watch a rendu publique, lundi 24 octobre, une première enquête fouillée et argumentée qui montre qu’Ankara a adopté un revirement complet et brutal de sa généreuse politique d’accueil.

Les rumeurs ont commencé à courir au début de l’année, bientôt transformées en certitudes. Plusieurs histoires d’expulsions forcées de réfugiés syriens par les autorités turques se sont d’abord diffusées sur les réseaux sociaux ou par le bouche-à-oreille, des arrestations dans les rues des grandes villes du pays ou sur les lieux de travail. Ici, c’est un conducteur syrien qui, après avoir été victime d’un accident de la route, se voit subitement embarqué par les policiers venus sur place. Là, un petit groupe de réfugiés harcelé par des jeunes dans le but évident de déclencher une intervention des forces de sécurité. Ou bien encore, une banale convocation pour une procédure administrative suivie d’un contrôle de police et d’une reconduite forcée à la frontière.

« Traitement humiliant »

Et puis en juin, la Cour européenne des droits de l’homme a accusé les autorités turques d’avoir violé les droits d’un citoyen syrien, Muhammad Fawzi Akkad, pour l’avoir « expulsé arbitrairement vers son propre pays » malgré un permis de séjour valide. Ankara est condamné à verser 12 250 euros à M. Akkad pour préjudice moral. La juridiction a « également estimé que le fait de menotter la personne avec d’autres Syriens pendant le trajet en bus, qui a duré près de vingt heures, équivalait à un traitement humiliant ».

Lundi 24 octobre, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a décidé de rendre publique une première enquête fouillée et argumentée sur la multiplication d’un phénomène dont on mesure toutefois encore mal l’ampleur. Une cinquantaine de témoignages de personnes expulsées et de proches ont permis à son autrice, Nadia Hardman, de jeter une lumière crue sur une partie des reconduites en cours, en violation flagrante du droit international. D’après le rapport, le nombre de réfugiés syriens « arbitrairement arrêtés, détenus et expulsés vers la Syrie par les autorités turques » s’élève, entre février et juillet, à « plusieurs centaines (…) y compris des enfants non accompagnés ». Et encore, souligne Nadia Hardman, jointe par téléphone, « ne s’agit-il vraisemblablement que d’une estimation a minima ».

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Le Monde


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