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ANALYSE par Eugénie Bastié – Le sociétal est toujours le refuge de l’impuissance de l’État à assurer ses fonctions essentielles: protéger et instruire.

Au secours, la théorie du genre-qui-n’existe-pas revient ! On peine à recruter des professeurs, près de la moitié des élèves ont du mal à lire en sixième et l’islamisme progresse dans les salles de classe, mais que les braves gens se rassurent, l’État veille à la disposition genrée des cours de récréation ! En cette rentrée, le gouvernement envisage de relancer la lutte contre les stéréotypes de genre à l’école. Une concertation est en cours entre le ministère de l’Éducation nationale et celui de l’Égalité entre les femmes et les hommes. La loi prévoit déjà une « éducation sexuelle et affective », et une circulaire parue à la rentrée dernière intitulée « pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire » intime d’adapter celui-ci aux élèves transgenres. Mais ce n’est visiblement pas assez.

« Les garçons sont trop souvent élevés dans un idéal de force, de virilité, quand on a encore tendance à associer les filles à la douceur ou à la soumission », confie un conseiller ministériel sur France Inter… Songe-t-il aux petites filles voilées qu’on rencontre dans certains territoires perdus de la République? Peut-on vraiment dire que les petits garçons, qui ont leurs imaginaires biberonnés à la propagande néoféministe sévissant 24 heures sur 24 dans les institutions culturelles, sont « élevés dans un idéal de force, de virilité » ? Et quand bien même ce serait le cas, est-ce vraiment la mission de l’école, après deux années perturbées par le Covid, que de rééduquer les élèves alors même que leur niveau s’effondre (pour rappel, la France était classée avant-dernière du classement Pisa sur l’enseignement des maths et des sciences en 2020) ?

Dans Le Figaro, le ministère se veut plus prudent et rétropédale : « Nous préférons éviter de parler de “stéréotypes de genres”, explique la Rue de Grenelle. Ce n’est pas le bon axe et ce serait réducteur. Le sujet, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes, l’éducation à la sexualité et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. » On connaît la chanson : « la théorie du genre n’existe pas », avait déjà dit Najat Vallaud-Belkacem alors confrontée à la fronde suscitée par les ABCD de l’égalité. C’était il y a huit ans, et depuis, les choses ont bougé : le wokisme, dont les gender studies ne sont qu’un avatar, mobilise désormais contre lui une partie de la gauche et plus seulement les catholiques de la Manif pour tous. Comme le prouve l’explosion des écoles privées, de plus en plus de parents préfèrent que leurs enfants apprenent à lire et compter plutôt qu’à « positionner » leur orientation sexuelle.

Pour se convaincre que s’engager dans cette voie du genre à l’école est une mauvaise idée, il suffit de regarder de l’autre côté de l’Atlantique. Dans les écoles américaines, le débat fait rage et c’est même devenu une des principales fractures de la guerre culturelle opposant les républicains aux démocrates. Il y a un an, le sénateur démocrate de Virginie Terry McAuliffe a perdu l’élection dans un État pourtant largement favorable à Joe Biden, parce qu’il avait déclaré : « Je ne pense pas que les parents devraient dire aux écoles ce qu’elles devraient enseigner ». Son adversaire républicain a gagné parce qu’il a fait de la lutte contre le wokisme à l’école l’un des axes de sa campagne. Aussi absurde que cela puisse paraître, la circulaire sur les toilettes transgenres dans les écoles d’Obama a contribué à l’élection de Donald Trump en 2016. Au Royaume-Uni également, les écoles sont « devenues la ligne de front de la guerre du genre » pour reprendre le titre d’un article du Guardian paru cet été qui évoquait les innombrables litiges en cours dans les écoles, des uniformes non genrés (finies les jupes pour les filles, jugées discriminantes) aux « pronoms » utilisés dans les classes. Des conflits permanents éclatent entre les parents et les chefs d’établissement sur ces questions, ce qui n’est pas sans rappeler les polémiques incessantes sur le voile à l’école dans les années 1990 en France. Là où les pays anglo-saxons ont cédé (les fillettes peuvent venir voilées à l’école en Angleterre), la France a fixé une limite. Elle devrait faire de même pour le genre, qui devrait rester sur le seuil des classes.

Le sociétal est toujours le refuge de l’impuissance de l’État à assurer ses fonctions essentielles : protéger et instruire. Le rétablissement de l’autorité, l’apprentissage du respect mutuel, la plongée dans les trésors de la littérature et la lutte intransigeante contre la pornographie désormais accessible en un clic feront infiniment plus pour la sécurité des jeunes filles que la suppression du ballon et de la corde à sauter dans les cours de récré. Que l’école instruise avant de déconstruire.

Le Figaro


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