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Excédée par le rugissement des moteurs, une habitante de Marseille a obtenu une condamnation de l’État pour inaction. Son quartier a retrouvé la sérénité. 

On l’appelle désormais de toute la France pour des conseils. L’an passé, cette Marseillaise a même été entendue par la mission d’évaluation de la loi contre les rodéos. Rien ne prédisposait Nathalie Lafon, qui travaille dans l’­immobilier, à devenir l’une des spécialistes des rodéos urbains. Rien, si ce n’est l’achat d’une maison dans les quartiers nord, où les grands ensembles jouxtent ­d’anciens noyaux villageois. « On avait toujours vécu tranquille, assure-t-elle. Mais en 2012 les rodéos ont commencé, jusqu’à s’installer de façon épouvantable en 2017. » Fini les déjeuners au jardin, les fenêtres ouvertes, le quartier vit au rythme du rugissement de moteurs surpuissants… « Les jeunes ont pris confiance, le territoire leur était acquis, ­analyse-t-elle. Sur les réseaux sociaux, ­certains sont même devenus de petites stars locales. »

(…) Des policiers viennent la voir : « Ils étaient rassurants, nous disant qu’ils étaient là. Mais ils nous ont aussi confié que depuis l’affaire ­Villiers-le-Bel [dans cette ville du Val-d’Oise, en 2007, deux ados à motocross sont morts après une collision avec une voiture de police], ils avaient des instructions pour ne pas intervenir, par peur des émeutes. »

Nathalie Lafon fait une dépression, prend des calmants, mais elle ne lâche pas. Monte un collectif avec ses voisins excédés. Alerte la mairie, la préfecture, les députés, et les ministres de l’Intérieur successifs. Rien ne change. « La politique de l’État, c’est de faire l’autruche, juge-t-elle avec amertume. Tant que ça se passe dans les cités, ils s’en foutent, tant pis pour les habitants qui subissent. On a été traités par le mépris, ça m’a mis la rage au ventre. »

En août 2017, elle assigne la préfecture de police des Bouches-du-Rhône au tribunal administratif pour inaction contre les rodéos. « Mes amis me disaient que j’étais folle. » Mais le juge lui donne ­raison : « Des journalistes m’ont rapporté que le ministère de ­l’Intérieur était furieux de cette décision. »

(…) Le JDD

(Merci à Le Tocsin)

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