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Auteur de Paris 2024, un défi français (L’Archipel), Vincent Roger a interviewé les principaux acteurs de l’organisation des futurs Jeux olympiques de Paris (qui se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024). Il en ressort un livre qui dépasse la seule dimension sportive et embrasse différents sujets de société, comme l’aménagement du territoire, l’intégration, la sécurité, les banlieues, la santé, la jeunesse, la place de la France dans le monde… Il veut croire au sport fédérateur face à une France morcelée.

L’ancien délégué spécial pour les JO à la région Île-de-France a la conviction que cet événement, moment phare du quinquennat d’Emmanuel Macron, peut avant tout être le ciment qui manque à un pays en proie à de multiples divisions. Pour lui, il est important de retrouver « l’esprit de Lima », quand, en 2017, au Pérou, la candidature française a été retenue pour l’organisation des Jeux. Autre enjeu : la nécessité de concerner tous les Français, quand l’essentiel des épreuves auront lieu à Paris et dans sa région. Enfin, la sécurité devra être optimale et faire oublier les débordements du Stade de France, un soir de finale de Ligue des champions. […]

Dans votre livre, vous soulignez que c’est « une occasion unique pour réunir tout un pays ». La France paraît morcelée comme jamais. Les politiques de tous bords seront-ils, selon vous, à la hauteur de l’enjeu ?

Ces dernières années, les travaux de Christophe Guilluy ou de Jérôme Fourquet ont mis en lumière une France fracturée. Les récentes élections viennent de confirmer malheureusement leur constat. Plus que jamais le pays a besoin de projets collectifs. Les Jeux en offrent un immense pour rassembler nos concitoyens. C’est leur premier défi. Quant aux responsables publics, ils se doivent de ne pas politiser les Jeux, mais d’œuvrer pour en faire un projet politique au sens noble du terme. À Lima, le 13 septembre 2017, lorsque nous avons obtenu les Jeux, la France était unie. Elle avait de la gueule. Après les joutes électorales, il faut réveiller cet esprit de Lima. Il s’est estompé. Je ne doute pas que le président de la République saura donner l’impulsion nécessaire pour le réanimer. L’objectif doit être de faire de la réussite des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) une ambition nationale. […]

Le président du département de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, vous dit que « le renouveau de New York ne s’est pas fait par Manhattan, mais par Brooklyn ». Pourrait-on en dire autant de Paris et de la Seine-Saint-Denis ?

Stéphane Troussel a raison. Dans cet esprit, on assiste à une révolution urbaine. Des grands groupes établissent leur siège en Seine-Saint-Denis. La région Île-de-France a été pionnière en s’y installant à Saint-Ouen en 2019. Le Cojop a fait de même. Avec les 38 chantiers de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) et l’aménagement de 26 gares du Grand Paris en cours, ce département vit une période d’hausmannisation. Les JOP vont en être le booster. Grâce aux Jeux, 3 milliards d’euros de financement public et privé vont être investis en Seine-Saint-Denis. Chaque euro dépensé sera utile aux habitants en termes de logements, d’aménagements urbains, d’infrastructures sportives, d’espaces verts… La force du projet de Paris 2024, c’est qu’il est intrinsèquement lié au développement de ce territoire le plus jeune et le plus pauvre de France. Preuve de cet engament : 74 épreuves olympiques ou paralympiques s’y dérouleront. […]

Avez-vous une inquiétude en matière de sécurité, notamment depuis les incidents de la finale de la Ligue des champions au Stade de France ?

Ce qui s’est passé au Stade de France est regrettable. Tous les enseignements doivent être tirés de cet échec. Rappelons cependant que la France a accueilli ces vingt dernières années plus de soixante Grands événements sportifs internationaux (Gesi) et, à chaque fois, le succès fut au rendez-vous. Nous sommes aussi le pays, après les États-Unis, qui a accueilli le plus d’olympiades dans l’histoire des Jeux d’hiver et d’été. La stratégie sécurité des Jeux se prépare sur cinq ans. Elle a été citée en exemple par le préfet Cadot dans son rapport sur les événements du Stade de France. L’an dernier, un protocole a été signé entre l’État et le Cojop pour établir site par site les besoins humains, en matériel et en technologie. Concernant nos capacités à organiser ces Jeux, soyons exigeants et audacieux mais, surtout, arrêtons l’autoflagellation permanente !

Le Point

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