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Jérôme Fourquet : "Dubaï est une espèce de Miami halal pour une partie des jeunes Français"

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En effet, la campagne de l’entre-deux tours s’est axée principalement autour des thèmes de gauche (écologie, retraites, etc…), les problématiques identitaires et sécuritaires ayant été reléguées au second plan. Est-ce à dire qu’elles ne comptent pas tant dans l’opinion ?

Si les thèmes qui parlent à l’électorat de gauche ont occupé l’entre-deux tours, c’est d’abord et avant tout parce que cet électorat était faiseur de roi. L’électorat Zemmour a été considéré comme très largement acquis à Marine Le Pen. Les 22% de Mélenchon constituaient donc la principale réserve de voix. C’est également parce que le sujet du pouvoir d’achat est resté une problématique très importante tout au long de la campagne. L’enquête IFOP réalisée le jour du 1er tour indiquait que la problématique n°1 était la santé (71%), puis le pouvoir d’achat (68%), la sécurité (60%), l’éducation (59%) le terrorisme (57%) le chômage (49%), la lutte contre l’immigration clandestine (47%) et enfin l’environnement (44%). Les thématiques régaliennes n’ont donc pas disparu des préoccupations, elles restent toujours en toile de fond. Si on compare à 2017, la préoccupation « santé » a bondi de 9 points (sous l’effet de la pandémie) le pouvoir d’achat de 8 points, la délinquance de 4. Le terrorisme a lui baissé de 9 points (en 2017, la France avait été frappée par un attentat quelques jours seulement avant le premier tour) et la lutte contre le chômage de 20 points. Le vrai changement, c’est cette rétrogradation dans la hiérarchie des préoccupations de l’item chômage, phénomène inédit dans une campagne depuis des décennies. Sécurité, immigration et terrorisme demeurent, quant à eux, à des niveaux élevés. Ils font partie intégrante et permanente du paysage français, même s’ils ne sont pas la priorité n°1.

La question de l’immigration n’est-elle plus déterminante dans la motivation du vote RN ?

Elle reste prioritaire pour l’électorat lepéniste : au moment de voter, la sécurité et la délinquance ont été jugées déterminantes pour 83% des électeurs de Marine Le Pen, (contre 93% pour ceux de Zemmour et 60% pour la moyenne des Français), presque à égalité avec le pouvoir d’achat à 80%. Les préoccupations traditionnelles de l’électorat frontiste sont toujours présentes et déterminantes, mais à ces sujets historiques, s’est ajoutée la question du salaire et du pouvoir d’achat, c’est-à-dire le volet social. L’atout de Marine Le Pen a résidé dans le fait que si son électorat est très focalisé sur ces sujets régaliens, elle n’a pas eu besoin de trop en parler ni de les mettre au centre de sa campagne. Quelques petites piqûres de rappel ont suffi. Ainsi, pendant le débat, elle a juste évoqué l’interdiction du port du voile et tenu des propos comme : « l’immigration anarchique contribue à la délinquance dans notre pays », « on est cerné par l’insécurité », « j’accorderai la présomption de légitime défense aux policiers». Ne perdant pas de temps à labourer ces thématiques où elle se savait totalement crédible aux yeux de ses électeurs, elle a pu partir en conquête en développant d’autres thématiques.

(…) Le Figaro

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