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Dans une tribune au « Monde », un collectif de chercheurs alerte sur la baisse brutale des subventions du ministère de la culture aux fouilles archéologiques. Asséchant un écosystème scientifique fragile, ces coupes pourraient conduire au déclassement de la discipline en France.

Tribune. L’archéologie est la science qui étudie les sociétés passées par le biais de leurs vestiges matériels. Avec l’histoire, elle est l’un des deux moyens fondamentaux d’acquérir des connaissances sur ces sociétés, et même le seul pour les – nombreux – peuples passés sans écriture. Elle permet d’appréhender les évolutions qui ont construit le monde actuel et sa genèse dans un temps long.

Encore visibles à la surface, enfouis dans le sol ou conservés sous l’eau, les vestiges archéologiques sont retrouvés et étudiés lors de campagnes de fouilles conduites par des chercheurs qualifiés, aux compétences reconnues, et dont tous les travaux sont contrôlés et validés par leurs pairs. Loin de l’image romanesque ou aventurière véhiculée par les fictions, l’archéologue est un scientifique, en général titulaire d’un master, souvent d’un doctorat, qui coordonne une équipe de recherche interdisciplinaire, multi-institutionnelle, souvent internationale.

En France, cette recherche est organisée en deux systèmes principaux, indissociables et complémentaires. L’archéologie préventive œuvre en amont des opérations d’aménagement du territoire, toute intervention sur le sol national étant susceptible d’entraîner la destruction des vestiges. Elle dispose de ses propres sources de financement. L’archéologie programmée rassemble des opérations réalisées à l’initiative d’équipes de recherche, en fonction de problématiques scientifiques précises, sur des sites non ou peu menacés, souvent dans des zones géographiques peu concernées par les opérations d’aménagement.

Fouilleurs bénévoles

Les opérations programmées sont majoritairement financées par le ministère de la culture, sous forme de subventions annuelles. Celles-ci restent modestes, et il n’est pas rare que la fouille d’un site s’étale alors sur une dizaine d’années ou plus. Bien que ne représentant qu’une part infime du budget du ministère, de l’ordre de 0,4 %, ce système de financement public national, rare à l’échelle mondiale et envié par beaucoup de nos collègues étrangers, permet d’organiser chaque année plusieurs centaines de chantiers qui produisent des connaissances inédites, de la préhistoire ancienne à l’époque moderne.

C’est donc avec surprise et consternation que nous avons appris que des baisses draconiennes de ces subventions allaient être appliquées dès cette année, de l’ordre de − 25 % à − 50 %, selon les régions, alors que dans le même temps le ministère annonce une hausse de 7,5 % de son budget global.

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L’article dans son intégralité sur Le Monde

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