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En survolant l’île de Samos, on comprend facilement que ce qui la sépare de la Turquie se résume à un canal sur la mer Égée. Cette terre de Pythagore est l’une des portes d’entrée de nombreux exilés en Europe, et c’est justement ici que le gouvernement grec a décidé de durcir le ton. En ce premier jour d’octobre, et à peine de retour de Paris, Kyriakos Mitsotakis, premier ministre grec, est venu visiter un nouveau centre pour demandeurs d’asile. Mais avant de s’y rendre, il tient à s’arrêter auprès des soldats et gardes-côtes de l’île. Car ces dernières semaines, la Grèce se barricade. S’il est encore trop tôt pour jauger les flux migratoires depuis la prise de Kaboul par les talibans, le pays joue la prévention. Les patrouilles terrestres et maritimes sont renforcées et de nouveaux policiers ont été dépêchés aux frontières.

Athènes se méfie surtout de la réaction turque après l’accord de défense signé avec Paris, mardi dernier, par lequel la Grèce s’engage à acheter trois frégates de type Belharra ainsi que six chasseurs Rafale de plus. Le ministère turc des Affaires étrangères a estimé qu’avec cet accord, « la Grèce menace la paix dans la région ». De quoi pousser Athènes à se tenir prête. En saluant les forces armées, « qui sont en permanence renforcées pour faire face à d’éventuelles provocations », il n’oublie pas le coup de force d’Ankara, en mars 2020, qui avait brisé l’accord de 2016 avec l’Union européenne en ouvrant sa frontière aux migrants. Le sort des réfugiés est une arme privilégiée pour la Turquie face à l’Europe.

C’est pourquoi, au-delà de ces précautions, le premier ministre grec insiste sur le besoin « d’un pacte européen en matière de migration ». Il milite pour un accord entre les pays du Sud, exposés en première ligne et ceux du Nord, dont le groupe de Visegrad ­(Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Pologne). À tous ceux qui estiment qu’aucune décision forte ne peut être prise avant avril 2022, en raison des élections nationales en Hongrie et en France, il répond « qu’au contraire il faut agir dès maintenant. » « L’absence de réponse commune laisse libre cours aux passeurs qui jouent avec les failles du droit européen. Nombre d’entre eux ont été arrêtés l’an dernier, et certains étaient particulièrement dangereux. Il faut que les exilés, en quête d’un meilleur avenir, cessent de se ruiner auprès des passeurs, car nous n’accepterons qu’un nombre restreint d’entre eux », estime Kyriakos Mitsotakis.

[…]

Le Figaro


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