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Alors que l’Europe catholique se détournait de l’Angleterre protestante, la reine Elizabeth Ia fait le choix inattendu de se tourner vers le monde islamique.

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La période Tudor a été le sujet d’un grand nombre de films et de séries, mais cette histoire a rarement été contée. Jerry Brotton explore l’histoire oubliée des alliances anglo-musulmanes dans son livre Le sultan et la reine. De chez lui à Oxford, en Angleterre, Brotton explique pourquoi Elizabeth pensait que l’islam et le protestantisme avaient plus en commun que le protestantisme et le catholicisme.

Il y a 500 ans, la reine Elizabeth Ire a fait le choix d’une alliance inattendue avec le Shah d’Iran et le sultan ottoman. Que retenir de la relation qu’entretenait la reine britannique avec le monde musulman du 16e siècle ?  

Beaucoup de choses. Elle nous enseigne qu’il existe une forme d’échange pragmatique, de tolérance et d’accommodement qui dépasse l’idéologie. L’une des histoires clefs du livre est la question du commerce et la manière dont le commerce se heurte aux religions. La raison pour laquelle la reine Elizabeth a développé cette relation avec le monde islamique est d’abord théologique. Elle était alors en train de créer un État protestant et l’Angleterre était de fait devenue le paria de l’Europe catholique. C’est pour cette raison qu’elle s’est tournée vers le monde islamique.

Ce qui en découla fut un échange de commerce et de biens, quelles que puissent être les différences sectaires et théologiques. Elizabeth ne contacta pas le sultan Murad III par noblesse d’âme ou pour sceller un accord religieux. Elle le fit pour des raisons politiques et commerciales bien déterminées.

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Elizabeth a œuvré de son mieux pour convaincre le sultan Murad que protestantisme et l’islam étaient les deux faces d’une même pièce et que la véritable hérésie était le catholicisme.

Oui, elle a fait ça très habilement. La première chose qu’elle écrivit au sultan en 1579 était : Vous et moi avons beaucoup de similitudes en termes de théologie. Nous ne croyons pas en l’idolâtrie ou en l’intercession, c’est-à-dire en l’intermédiaire d’un saint ou d’un prêtre pour vous rapprocher de Dieu. Le protestantisme part du principe que le seul fait de lire la Bible vous permet d’entrer en contact direct avec Dieu. L’islam sunnite dit la même chose : vous avez le Coran, la parole du prophète, vous n’avez pas besoin de saints ni d’icônes.

Elizabeth avait là des fins politiques. Et elle le dit ainsi : Vous combattez l’Espagne catholique ; je combats l’Espagne catholique. Ce que personne ne mentionne, évidemment, c’est la figure du Christ. Dans l’Islam, Jésus est un prophète, mais pas le fils de Dieu. Donc, dans toute la correspondance, ils contournaient ce problème. Ils parlaient toujours du fait qu’ils croyaient tous les deux en Jésus mais ne définissaient pas comment ils croyaient en Jésus.

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L’article dans son intégralité sur National Geographic

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