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Revers électoraux et montée de l’extrême droite ont convaincu le parti social-démocrate danois d’adopter des mesures très dures en matière d’immigration et d’intégration. Validé par les urnes, ce virage assumé suscite un mélange d’attirance et de répulsion au sein des sociaux-démocrates européens.

Quand on l’a appelé pour fixer un rendez-vous, Paw Østergaard Jensen a proposé de le retrouver chez lui, à Albertslund. « Là où tout a commencé », a-t-il lâché, avant d’ajouter : « Vous verrez, il n’y a pas beaucoup de noms danois sur les boîtes aux lettres. » Depuis la gare centrale de Copenhague, il faut compter dix-neuf minutes en train pour rejoindre cette commune de 27 000 habitants, à l’ouest de la capitale danoise : une banlieue-dortoir, comme il en existe des centaines en Scandinavie, faite de barres d’immeubles et de petites maisons mitoyennes, bâties à la hâte dans les années 1960 et 1970, pour héberger les ouvriers qui convergeaient vers les grandes villes.

C’est là aussi que sont venus vivre les travailleurs immigrés, recrutés par les entreprises pour combler le manque de main-d’œuvre. Originaires de Turquie, du Pakistan, de Yougoslavie ou du Maroc, les premiers sont arrivés à Albertslund en 1967. Puis ils ont fait venir leurs familles. Peintre en bâtiment, Paw Østergaard Jensen y habite depuis le début des années 1990. A l’époque, les maires sociaux-démocrates des communes de l’ouest de Copenhague commencent à parler des difficultés d’intégration. « Mais les leaders du parti ne vivaient pas dans nos quartiers. Ils n’ont pas écouté », regrette Paw.

La liste officielle des ghettos

Lui a rejoint le parti en 2001, après la première d’une longue série de défaites des sociaux-démocrates aux législatives. Depuis huit ans, il préside le comité des affaires sociales à la mairie. A Albertslund, près de deux tiers du parc immobilier est constitué de logements HLM. « Mais aucun quartier ne figure sur la liste officielle des ghettos », se félicite-t-il.

Cette liste, établie par le ministère des transports depuis 2010, recense (et qualifie de « ghettos ») les quartiers HLM de plus de 1 000 habitants dont au moins 50 % de la population est née à l’étranger ou de parents étrangers et qui cochent au moins deux critères « négatifs » en matière de taux de chômage, de nombre de délits, de niveau d’éducation,…

(…) Le Monde

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