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Elles s’appellent Hana, Soraya ou Célia et font partie de ces dizaines d’adolescents – jeunes migrants isolés ou filles souvent mineures en rupture familiale – qui zonent depuis 2016 dans les rues de ce quartier du 18e arrondissement de Paris, survivant dans la violence et la débrouille sans rien attendre du lendemain.

Hana [les prénoms ont été changés] marche d’un pas assuré rue de la Goutte-d’Or, même quand elle tangue. Ce soir de décembre, à Barbès, dans ce quartier populaire du 18e arron­dissement de Paris, tout le monde la salue – commerçants, policiers, passants…[…]

Hana est drôle et entraînante. Elle a de grands yeux verts, des joues rebondies couvertes de taches de rousseur et la peau encore veloutée de l’enfance. Elle porte une grande balafre sur la joue. Un coup de couteau donné par un garçon dans un squat. « C’est pas tout », rigole-t-elle en retirant son écharpe : elle dévoile deux entailles profondes au niveau du cou, tout juste suturées.

Son objectif du moment : rejoindre la laverie plus bas, celle dont les tambours sont d’un jaune un peu décati et où la chaleur humide est agréable. Trois copains sont déjà là, ils se tombent dans les bras. Hana veut qu’on lui roule un joint. Un garçon s’exécute. Il a la coupe de cheveux en vigueur auprès des gamins de son âge : tempes rasées et petite houppe au sommet du crâne. Bientôt, un adulte, blouson noir et barbe de trois jours, passe une tête. Deux euros le cachet de Rivotril. Cette benzodiazépine – aux effets sédatifs et anxiolytiques – à laquelle les jeunes se shootent et qui les rend méchamment accros, les jeunes la couplent systémati­quement au Lyrica, un antiépileptique également utilisé pour les troubles anxieux. Un cocktail médicaments-joints-alcools qui les laisse hagards, désinhibés et vulnérables.  […]

Le Monde

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