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FIGAROVOX.- Dans votre dernier ouvrage, vous traitez de la France d’aujourd’hui et de demain, et…. vous vous mêlez carrément de politique, à la surprise de beaucoup de vos fidèles. Où donc est passé le conteur d’histoire?

Franck FERRAND.- C’est justement la passion de l’histoire qui m’a conduit à regarder notre époque à froid, sans trop de concessions. Je me suis placé dans la position d’un narrateur – en l’occurrence, une narratrice – qui observerait la France actuelle depuis son balcon de 2070 et ferait des yeux ronds devant nos aveuglements et nos inconséquences. La France dans laquelle vit cette narratrice, Anissa, s’en est bien sortie ; le pays est redevenu la nation prospère et indépendante qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être ; raison de plus pour étudier par quel miracle il a pu «remonter la pente abrupte d’un tel ravin»! Disons tout de suite qu’il aura fallu, pour ce faire, le secours d’un être d’exception.

Vous imaginez en effet le retour de Jeanne d’Arc: y aurait-il, selon vous, «grande pitié au royaume de France»?

Pour la France, l’époque que nous traversons est bien sombre. Dépassons l’obsession sanitaire actuelle – elle n’en était qu’à ses prémices au moment de l’écriture. Notre pays, qui a perdu sa souveraineté, en est réduit à subir, sur tous les plans, dans tous les domaines, des règles édictées hors de lui, et contre lui! Chute de la valeur travail, dévastation de l’économie, effondrement de l’école, de l’hôpital et de tous les services publics, explosion de la redistribution, diaspora des jeunes élites, fin de l’assimilation, désertification des campagnes, «ensauvagement» des banlieues Le tableau est cauchemardesque. Et face à cela, quelle réaction? Nous courons piteusement après un destin qui nous échappe.

[…]

Ce qui passe à vos yeux par un Frexit pur et simple… À la fin de votre «conte politique», une commission d’enquête de l’Union européenne tient le rôle du tribunal de Rouen. Votre Jeanne à vous sera-t-elle brûlée?

Je laisse aux lecteurs le soin de le découvrir (rires). Pour ma Jeanne du XXIe siècle, l’Anglais qu’il faut bouter hors de France, c’est la Commission bruxelloise. Mais à ce propos, laissez-moi redire – je n’arrête pas de le faire – à quel point j’aime l’Europe et suis conscient de la nécessité de solidarités et de stratégies communes pour les pays fondateurs du pacte européen. Il me semble seulement que l’Union européenne, en l’état, leur fait beaucoup plus de mal que de bien. Il faudra donc sans doute, pour mieux construire l’Europe dont nous rêvons, commencer par liquider la vieille usine-à-gaz technocratique qui nous étouffe.

Le Figaro

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