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Tribune de Vincent Glad sur le mouvements des «Gilets jaunes». Il est l’auteur du blog l’An 2000 sur liberation.fr.

Voir la marque de l’extrême droite derrière le mouvement relève d’une forme de théorie du complot très courante dans le discours médiatique et politique. Ce qui frappe dans ce mouvement, c’est l’absence de chef, l’absence de structure formelle qui chapeaute la lutte, très loin de cette certitude bien ancrée qu’un mouvement de citoyens ne peut être que manipulé par des gens plus aguerris.

Est-il seulement possible qu’un mouvement de citoyens se crée sur Internet sans avoir été manipulé par des partis politiques ? A lire les médias, à entendre les politiques cette dernière semaine, le mouvement des «gilets jaunes», ces Français excédés par la hausse du prix du carburant, est suspecté d’être un faux nez de l’extrême droite. Avant de se demander que disent ces internautes en colère, la question prioritaire a été de savoir à qui profite le mouvement, qui instrumentalise la cause.

S’il ne fait pas de doute que cette grogne fiscale réunit de nombreux sympathisants d’extrême droite (qui constituent 20% de l’électorat français et sont surreprésentés dans les zones périurbaines et rurales), sa genèse n’a rien à voir avec Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan, qui ont annoncé soutenir la cause. C’est un ras-le-bol qui est parti de l’Internet vrai : une pétition change.org, des événements Facebook, des groupes Facebook et des vidéos virales filmées en mode selfie. Bien davantage que la «fachosphère», le carburant de cette mobilisation aura été le nouvel algorithme Facebook. […]

Le communiqué de la CGT sur le sujet est un modèle de réaction de l’«ancien monde». Entre mépris, jalousie et incompréhension, le syndicat décrit «une colère légitime mais dont les ressorts sont obscurs». «Plusieurs partis d’extrême droite semblent être à la manœuvre», ajoute la CGT. «Nous sommes clairement dans une instrumentalisation de l’exaspération !» dénonce la centrale, dont le métier est précisément d’instrumentaliser l’exaspération. . […]

Libération

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