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L’escalade de violence dans laquelle, au Nicaragua, a sombré le régime de Daniel Ortega, est un exemple caricatural de la dérive autocratique qui s’empare de certains leaders de la gauche radicale.

Depuis les guerres d’indépendance, le paquebot latino-américain est coutumier, toutes les deux ou trois décennies, de violents coups de barre. […] Au début des années 2000, de nombreux candidats de gauche ont ainsi été légitimement portés au pouvoir, par les urnes. À la faveur, notamment, de l’embellie économique liée à la flambée des cours des matières premières, beaucoup ont engagé des programmes sociaux qui ont permis de réduire la pauvreté. […]

La façon dont Ortega a abandonné tous ses oripeaux révolutionnaires, notamment lors de son retour au pouvoir en 2007, pour devenir catholique, tenter de se rapprocher de Washington (l’ennemi d’hier), écouter les conseils du FMI et s’allier si nécessaire avec les libéraux et le patronat, reste par ailleurs un tour de force d’autant plus atypique que cela ne l’a pas empêché de rester membre de l’ALBA, Alliance «bolivarienne» regroupant notamment les pays de la gauche radicale –Venezuela, Cuba, Bolivie, Équateur– et plusieurs îles des Caraïbes. […]

Autre obsession récurrente pour ne pas lâcher le pouvoir (même à un allié): instaurer la réélection illimitée. Les jeunes démocraties latino-américaines ont presque toutes adopté une limitation du nombre de mandats électifs pour conjurer le risque de voir resurgir un dictateur. Revenir en arrière apparaît donc clairement comme un renoncement démocratique. C’est pourtant ce qu’a décidé sans états d’âme Daniel Ortega, pour pouvoir se représenter en 2016.

Le président vénézuélien Hugo Chavez avait, lui aussi, fait adopter la réélection illimitée à son profit, à la différence essentielle qu’il l’avait fait voter par référendum en 2009. Ce fut aussi la démarche du président Evo Morales, grand admirateur de Chavez. […]

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