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Le G8 de Gênes [en 2001] a fait un mort, un jeune de 22 ans, Carlo Giuliano, tué d’une balle, mais aussi écrasé à deux reprises par un véhicule de la police. Ceci a marqué les esprits ; mais qui se souvient de la suite ? C’est de cette suite que traite le film.

[…] Après la mort de Giuliano, les autorités italiennes, voulant en finir avec les jeunes qui continuaient à tenir tête à la police, multipliaient les provocations, cherchant un prétexte: cette bouteille leur permet de se présenter comme menacées et d’utiliser un certain article de loi pour justifier une vaste opération, l’assaut de l’École Diaz. Des centaines de policiers, de Gênes, mais aussi des renforts venus de plusieurs autres villes, attaquent pendant la nuit moins d’une centaine de jeunes anti-système qui dormaient dans le gymnase.

La démocratie apparaît donc bien comme ce “monstre doux” dont parlait déjà Tocqueville, mais un monstre toujours prêt à mordre. Dans ces corps fermés, séparés de la société et destinés à des actions violentes que sont la police et l’armée, on ne peut pas parler de dérives ni de bavures : des événements comme ceux de l’école Diaz dévoilent leur vrai visage, comme, récemment, “la plus grande démocratie du monde” a dû jeter le masque et montrer son vrai visage de Big Brother.

La caméra, très mobile, nous plonge dans la violence, la confusion et la panique de cette nuit: elle suit l’irruption des hordes de policiers, les coups de matraques qui s’abattent sur garçons et filles indifféremment, mais aussi sur des médecins et des journalistes, la chasse à l’homme dans les étages de l’école, où on débusque de petits groupes de leurs précaires cachettes, et les mares de sang qui s’élargissent (d’où le sous-titre italien : Don’t clean up this blood) et tout cela est scrupuleusement exact, il suffit de comparer le film aux vidéos tournées sur le vif. […]
Tandis que les blessés les plus graves sont évacués dans des civières, environ 80 jeunes sont arrêtés et transportés à quelques kilomètres de Gênes dans la caserne de Bolzaneto ; là commence une séquence encore plus sinistre : pendant plusieurs jours, ils seront retenus en dehors de toute légalité et soumis à des tortures et des traitements dégradants. […] On se pose alors forcément la question: est-ce cela la démocratie ? On a qualifié le film de coup de poing et, en effet, on prend conscience avec angoisse que la démocratie permet toutes les dérives : il suffit que l’autorité politique en prenne la décision, rien ne l’empêche de perpétrer tous les crimes, aucun frein légal ne l’arrête, et aucune instance, après les faits, ne la sanctionnera ; la police démocratique peut, à tout moment, se transformer en police de dictature, et la magistrature démocratique couvrira tous les crimes.
Des centaines de policiers, magistrats, hommes politiques et même médecins impliqués dans les violences, seules quelques dizaines seront jugés, moins encore condamnés, à des peines légères, et la plupart du temps annulées du fait de la prescription (parfois même les délits sont protégés par des lacunes juridiques : ainsi, la loi italienne ne prévoit pas le délit de torture , il ne peut donc pas être poursuivi).
Le Grand Soir

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