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Aux Etats-Unis, une nouvelle génération d’étudiants remet en cause le principe d’une liberté d’expression absolue (“free speech”). Pour ne pas heurter la sensibilité des minorités, ils demandent à ce que l’université devienne un «safe space», à l’abri de tout propos haineux. Au risque de fuir le débat et d’aveugler les jeunes ?

Le 1er octobre 1964, Jack Weinberg, un étudiant activiste engagé dans le Mouvement des droits civiques, est arrêté à l’université de Berkeley, en Californie. […]

Aujourd’hui, la situation semble s’être inversée. C’est la direction qui rappelle régulièrement ses étudiants à l’ordre lorsqu’ils désapprouvent, avec trop de vigueur, la venue de personnalités politiques controversées et réclament qu’elles soient décommandées. Les forces de l’ordre sont convoquées non pas pour disperser les étudiants venus faire un discours mais pour assurer la sécurité des orateurs quand l’audience est en colère. L’université fait même l’objet d’une enquête judiciaire pour possible entrave à la liberté d’expression parce qu’elle a annulé l’année dernière, en invoquant des raisons de sécurité, plusieurs conférences en quelques mois : celles de Milo Yiannopoulos, de David Horowitz ou encore d’Ann Coulter, tous trois connus pour être conservateurs et provocateurs.

Il n’est pas tant question de savoir si Berkeley va à l’encontre de sa propre histoire que de s’assurer qu’elle respecte un des piliers de la Constitution américaine. Car, contrairement à la France et à la plupart des pays européens, le 1er amendement garantit aux Etats-Unis une liberté d’expression sans limite de contenu ou de point de vue, même si cela implique de protéger du même coup le discours haineux. […]

Les uns craignent une jungle des idées qui blesse les minorités et les réduise au silence. Les autres alertent contre le risque pour les universités de devenir des «bulles filtrantes», qui couvent en même temps qu’elles aveuglent la jeune génération. […]

Libération

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