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Jusqu’à la première moitié du XXe siècle, les hommes, femmes et enfants ne cherchent pas majoritairement à traverser la Méditerranée de l’Afrique du Nord vers les rives européennes et plus loin encore sur ce continent. Bien au contraire, ce sont les contrées maghrébines qui attirent des sujets italiens, français, espagnols, grecs. Ces populations européennes fuient la misère et la pression démographique chez elles. Elles viennent tenter leur chance sur de nouvelles terres, comme elles le font alors aussi dans des colonies outre-Atlantique.

Ce sont les contrées maghrébines également, et non européennes, qui reçoivent des esclaves africains contraints de traverser le Sahara, mais aussi, jusqu’au milieu du XIXe siècle, des esclaves d’origines caucasienne, géorgienne ainsi que des esclaves grecs à la suite de la lutte pour l’indépendance de cette population contre les sultans ottomans dans les années 1820.

(…)

A reprendre en compte tous ces phénomènes historiques, les migrations du sud vers le nord ne peuvent être perçues comme de prétendues « invasions » ou un soi-disant « grand remplacement », comme certains veulent le faire croire.

Ces migrations sont le fruit d’une mise en dépendance économique, de nouvelles migrations de travail, d’exploitation et de dominations coloniale et postcoloniale. De simple trésorier, l’esclave Muhammad est devenu premier ministre au début des années 1880, au seuil de la colonisation de la Tunisie par la France. Sa vie, comme celles de millions d’autres migrants, fut aussi modelée par toutes ces grandes transformations en Méditerranée.

Le Monde, M’hamed Oualdi (université de Princeton)

Merci à CathyB

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