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En choisissant un slogan en anglais pour sa candidature à l’organisation des Jeux olympiques de 2024, la capitale participe au recul de la langue française dans le monde, se désole cet éditorialiste québécois.

A picture shows the Eiffel Tower lit in the colours of the Olympic flag during the launch of the international campaign for the Paris bid to host the 2024 Olympic Games

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi, “Made for sharing” sera le slogan officiel de la Ville de Paris pour sa candidature aux “Olympic Games” de “twenty twenty-four”. On ne sait trop s’il faut rire ou pleurer. Made for joking or made for crying ? (…) Le plus comique du slogan Made for sharing est la réaction goguenarde de la presse anglo-américaine, dans le registre “On n’en demandait pas tant”. A-t-on vu un seul anglophone remercier Paris de se faire comprendre ? La Ville a produit un slogan qui ne lui donne rien, sauf le fait de se ridiculiser.

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On est frappé de l’indigence de l’argument du comité parisien : on ne peut vendre Paris au CIO qu’en anglais, alors que 16 des 95 membres votants viennent de pays francophones et que plus de la moitié ont certainement des notions de français. Après tout, la langue française est la plus enseignée au monde, après l’anglais. Et puis le français est l’autre langue officielle du CIO. Au fond, les Parisiens jouent ici le rôle d’idiots utiles. S’il y a bien un moment dans l’histoire où l’anglais incarne le repli, c’est maintenant. En effet, la Ville de Paris fait la propagande de l’universalisme de l’anglais alors même que les Britanniques et les Américains, au travers du Brexit et de l’élection de Trump, rejettent leur rôle de pays phares de l’internationalisme.

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L’autre facteur qui influence les Français, à droite comme à gauche, c’est ce que j’appellerais le “réflexe universaliste”, qui leur fait voir de l’universel jusque dans leur soupe. Ayant imaginé pendant quelques générations que le français était universel (ce qu’il n’a jamais été), ils attachent désormais cette propriété à l’anglais (qui ne l’est pas plus). Ce réflexe universaliste fait que les Parisiens, qui ont beaucoup de mal à s’enseigner les langues étrangères, imaginent que le monde est aussi peu doué qu’eux.

Défendre le français ne consiste pas à rejeter l’anglais : après tout, les langues ont le propre de s’additionner. Mais défendre sa propre langue, c’est d’abord user du privilège de se dire dans celle-ci. French is made for saying.

Courrier International

Merci à Lilib

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