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Analyse d’Alexandre Lemarié et Matthieu Goar, journalistes au Monde, sur les thèmes évoqués par François Fillon durant la campagne des primaires.

M. Fillon a su rassurer toutes ces catégories avec son triptyque : conservateur sur les sujets de société, libéral en économie et autoritaire sur le régalien. Lors de l’ultime débat face à Alain Juppé, il avait résumé le fond de sa pensée en citant le théoricien politique italien Antonio Gramsci : « Il n’y a pas de victoire électorale sans victoire idéologique. »


Dimanche soir, au QG parisien de François Fillon, on pouvait croiser des chefs d’entreprise mais aussi Frigide Barjot, l’une des figures de La Manif pour tous, Elisabeth Lévy, fondatrice et directrice de la rédaction du mensuel Causeur, ou encore Charles Millon, l’ex-UDF élu à la tête de la région Rhône-Alpes grâce aux voix du FN en 1998. Comme une synthèse des deux clientèles phares du vainqueur de la primaire. Pour l’emporter, l’ex-premier ministre a réussi l’alchimie entre les milieux libéraux économiquement et conservateurs sur les questions de société. […] En choisissant massivement M. Fillon, les électeurs de la droite ont tranché entre deux lignes politiques. Pas tant au niveau économique. La plupart des candidats à la primaire, notamment Alain Juppé, avaient choisi de donner une teinte très libérale à leur programme. M. Fillon s’est, lui, attiré la sympathie des milieux patronaux en poussant le curseur un peu plus loin que ses rivaux : retraite à 65 ans, fin des 35 heures, suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, réduction de 500 000 emplois publics, allocation sociale unique, allégement de 40 milliards d’euros de charges patronales…[…] Mais c’est surtout sur les sujets de société que les différences entre les deux projets des finalistes étaient les plus notables. Alors que M. Juppé incarnait une droite modérée, ouverte sur le centre et assez moderne sur les sujets de société, le député de Paris s’est posé en héraut des valeurs familiales. « Ma France doit protéger la famille et ses valeurs», déclarait-il le 28 août, lors de son discours fondateur de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe), où il promettait de «défendre la liberté pour les parents de choisir l’école de leurs enfants».
Son catholicisme revendiqué, allié à sa volonté de réécrire la loi Taubira, lui a permis de bénéficier du soutien de Sens comm
un, le mouvement politique issu de La Manif pour tous au sein de LR. Dimanche soir, les responsables de La Manif pour tous ont d’ailleurs salué sa victoire en la décrivant comme « un tournant idéologique ».
Dans la dernière ligne droite de la campagne, François Fillon a ajouté un troisième axe majeur à son logiciel libéral sur le plan économique et conservateur sur le sociétal : la lutte contre le « totalitarisme islamique ». Une lutte à mener aussi bien au niveau mondial qu’au niveau national, où il existerait, selon lui, « un problème lié à l’islam ». Au fond, la clé de son élection a résidé dans sa capacité à séduire le gros des troupes des votants à la primaire : essentiellement des personnes âgées, de milieux aisées, habitant en province, où le Sarthois a obtenu des résultats massifs. […] Le Monde

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