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Pour la juriste Marie-Laure Basilien-Gainche, professeure de droit public à l’université Lyon-III-IUF et spécialiste du droit des migrations, ce ne sont pas les étrangers qui remettent en cause notre identité, mais les Européens eux-mêmes, en reniant leurs valeurs communes.

Quand on sait qu’on va avoir de plus en plus de réfugiés – on en prévoit un milliard en 2050 avec le réchauffement climatique –, il n’y a pas trente-six perspectives : soit on ­accompagne le changement et ça se passe au mieux, soit on fait l’autruche comme on le fait aujourd’hui, et ça va être dramatique.

Il n’y a pas de crise des réfugiés, il y a une crise de l’Europe. Certes, celle-ci a été confrontée à un afflux de migrants depuis deux ans : plus d’un million en 2015, et environ 350 000 en 2016. Mais la population de l’UE, en 2015, était de 508 millions d’habitants ! Peut-on alors considérer que nous sommes submergés ?

Ce qui est vrai, c’est qu’il y a une augmentation spectaculaire des arrivées de migrants venant du Moyen-Orient et d’Afrique, et qu’il s’agit d’une population très différente de nous – culturellement, politiquement, religieusement. Il y a là une quintessence de la nature de l’étranger.

Mais si 508 millions d’habitants n’arrivent pas à intégrer un million de personnes, cela révèle que ce que l’on considère comme une puissance mondiale est en fait une puissance aux pieds d’argile, en perte de confiance par rapport à elle-même. […]

Par ailleurs, les études sont très claires : plus les pays se développent et reconnaissent les droits fondamentaux, plus leurs habitants migrent, parce qu’ils veulent aussi profiter de la mobilité dont nous profitons nous-mêmes. Enfin, sur le moyen terme, on ne peut pas faire l’impasse sur la question de savoir ce que deviennent ces populations.

Prenez l’exemple des réfugiés irakiens en Jordanie : certains sont dans des camps depuis… 1992. Quelle vie leur a-t-on offert ? Une vie de camp, ça n’a pas de sens. Il n’y a pas d’école, pas de travail, pas de formation, pas d’avenir. Est-ce qu’on n’est pas en train de traiter ces ­ réfugiés comme des sous-hommes ? Comme des indésirables ? […]

Le Monde

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