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Mercredi soir sur France 2, invitée du 20 heures, Marine Le Pen a poursuivi dans cette stratégie d’évitement, manifestant clairement qu’elle n’entend nullement rompre avec la ligne qu’elle s’est fixée, celle de l’« apaisement ». Elle a refusé, tel le cheval devant l’obstacle, de répondre à toutes les questions qui l’auraient amenée sur un terrain autre que celui du « peuple contre les élites ». A Julian Bugier qui évoquait une « victoire identitaire », celle des « Américains blancs, déclassés », Marine Le Pen a répondu qu’il s’agissait d’« une erreur d’analyse » et que « racialiser » les résultats de l’élection américaine était « n’avoir rien compris à ce qui s’est passé », qui n’est rien d’autre que « la volonté de rompre avec la mondialisation sauvage » et « la volonté de retrouver la nation ».

Or c’est à tout le moins un peu court. Le New York Times a clairement montré (1) que l’électeur type de Donald Trump est un homme blanc marié et chrétien de plus de 45 ans, habitant ce que peut appeler, en allusion aux travaux de Christophe Guilluy, « l’Amérique périphérique », pour qui la question la plus importante (« Most important issue ») est l’immigration. Dans les déterminants du vote, les questions économiques n’arrivent que loin derrière : si les électeurs de Trump considèrent que leur situation économique personnelle est moins bonne que celle de leurs parents, et que celle de leurs enfants sera pire encore, cela n’est pas exprimé comme l’élément qui a motivé leur vote.

Marine Le Pen reprend, une fois de plus mais plus visiblement qu’à l’accoutumée, la grille de lecture qui est celle de l’économiste chevènementiste Jacques Sapir, qui fait mine de se tenir à distance du Front national mais exerce sur elle, et encore plus sur Florian Philippot, une influence certaine depuis plusieurs années. […]

De même Sapir met-il en avant le fait que Bernie Sanders, candidat malheureux à l’investiture démocrate contre Hillary Clinton, ait déclaré qu’il était prêt, « dans la mesure où M. Trump est sérieux », à travailler avec lui « s’il s’agit de mener une politique améliorant la vie des familles de travailleurs », mais bien sûr pas dans le cadre de « politiques racistes, xénophobes et anti-écologistes ». Le texte de Sapir fait écho, là encore, aux multiples hommages rendus, tout au long de cette campagne, par Florian Philippot à Bernie Sanders, systématiquement présenté comme l’autre candidat « anti-establishment », préfiguration de ce que sera, suivant cette logique, un appel aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon à se reporter sur Marine Le Pen. […]

Atlantico

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