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Tribune d’Albert Bastenier, sociologue, professeur émérite de l’université catholique de Louvain (Belgique), évoluant “une société de quasi-apartheid” dont souffriraient la “minorité ethnique arabo-musulmane marginalisée”

Il est l’auteur de “Qu’est-ce qu’une société ethnique. Racisme et ethnicité dans les sociétés européennes d’immigration”.

Pour ce qui concerne le passage des jeunes d’origine musulmane vers le terrorisme, il s’agit visiblement d’une violence réactive au déni d’eux-mêmes qu’ils ont expérimenté à l’intérieur d’une Europe qui les rejette et qu’ils rejettent. On peut donc y voir la manifestation d’une « fierté musulmane » qui exerce un pouvoir d’attrait et attise la radicalisation d’un sentiment d’appartenance vis-à-vis d’une « communauté imaginaire ».

Les attentats du 22 mars à Bruxelles ont été perpétrés par de jeunes hommes issus de l’immigration, qui ont grandi en Belgique ou en France, tout en se réclamant finalement du djihad. Ce nouvel épisode du terrorisme islamiste intensifiera inévitablement les craintes et même l’hostilité que l’opinion publique développe à l’égard de tous ceux qui appartiennent à leur groupe d’origine musulmane. Ne fera que s’approfondir le fossé qui, depuis plusieurs décennies en Belgique comme dans le reste de l’Europe, n’a cessé de se creuser entre eux et la société dont, irréversiblement, ils forment pourtant un segment constitutif.

De cette façon tend à se confirmer le séparatisme social qui s’est ethniquement établi entre les «majoritaires» qui détiennent les avantages de l’appartenance native au territoire national, et les minoritaires » qui campent au milieu de la société sans en faire véritablement partie. La question de «l’intégration des immigrés» s’impose ainsi une nouvelle fois à l’attention.


[…]

Car le terrorisme, plutôt que d’être alimenté par des haines culturelles irréductibles, est le fruit des craintes et des incertitudes identitaires, politiques et économiques, liées au tréfonds des traumatismes associés aux transplantations de populations.

De cette façon tend à se confirmer le séparatisme social qui s’est ethniquement établi entre les «majoritaires» qui détiennent les avantages de l’appartenance native au territoire national, et les «minoritaires» qui campent au milieu de la société sans en faire véritablement partie. La question de «l’intégration des immigrés» s’impose ainsi une nouvelle fois à l’attention. […]

il conviendrait d’ailleurs mieux de concevoir qu’il s’agit en réalité de la nécessaire « réintégration globale des sociétés élargies par l’immigration ». Car ces dernières sont devenues irréversiblement composites, pluriculturelles et, de ce fait, « post-nationales ». […]

Le Monde

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