Fdesouche

Comment rire des Blancs en France, alors que les statistiques ethniques sont interdites, que le mot « race » a été supprimé en 2013 de la législation et que, comme le dit Nelly Quemener, maîtresse de conférence en science de l’information à Paris III, « le modèle républicain, qui prône un modèle d’égalité entre tous ses citoyens, a du mal à accepter qu’on énonce une identité propre » ?


(…)
Mais la tendance virale américaine #whitesbelike a-t-elle un équivalent français ? Malgré d’immenses différences culturelles, la réponse, surprenante, est oui. Le terme et hashtag #babtou, ou #babtou fragile est en train de faire florès. « Toubab », terme d’Afrique de l’ouest dérivé de « toubib » pour désigner un médecin blanc, est devenu « babtou » en verlan. L’adjectif fragile qui lui est parfois accolé désigne le cliché de l’homme blanc fébrile et peureux.
« C’est tes vrais cheveux ? »
Sur Twitter, le hashtag #babtou accompagne des phrases humoristiques de type « La prochaine fois que j’ouvre des huîtres je mets des gants #babtou fragile ». Ou encore « Les babtous c’est des oufs, ils vont manger un simple riz haricot rouge, ils vont te dire ‘très exotique comme plat, j’ai voyagé l’espace d’un instant’».
En France, où la question de la blanchité est longtemps restée absente du débat et du monde de l’humour, il aura fallu attendre 2013 pour que deux livres d’universitaires abordant la question. Maxime Cervulle a publié Dans le blanc des yeux, diversité, racisme et médias (éditions Amsterdam), alors qu’un collectif dirigé par l’historienne Sylvie Laurent et le journaliste Thierry Leclère signait De quelle couleur sont les blancs ? (éditons La Découverte).
Pourquoi un tel décalage ? « Aux Etats Unis, explique Nelly Quemener, l’idée même d’identité est devenue dans les années 80 et 90 le ressort de mouvements sociaux. L’énonciation de soi est intégrée dans le jeu politique et institutionnel. Les quotas dans les universités, par exemple, ont produit des formes de catégorisation des personnes ».
Pour la plupart des auteurs, la difficulté française à designer quelqu’un comme blanc, ou à se penser comme blanc, vient du fait que cette catégorie semble innée. La question de la couleur reste centrée sur les non-blancs, dans une pensée universaliste et républicaine qui tente de rendre invisible les couleurs et les différences.
(…) Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux