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Zones ombragées, fontaines à eau… les sans-abri parisiens s’organisent comme ils peuvent pour supporter la canicule. A défaut de pouvoir compter sur de véritables mesures d’urgence.

Assise sur le rebord de la barrière d’un jardin public, Christiane (le prénom a été modifié) observe, de ses yeux bleus perçants, les passants accablés par la chaleur défiler sur le boulevard Saint-Germain, à Paris. On pourrait penser qu’elle s’est arrêtée là, l’espace d’un instant, avec son grand sac à dos noir et son cabas en plastique, pour souffler : il est seulement midi mais le thermomètre affiche déjà 35 degrés à l’ombre. Mais dans ses mains, elle tient fermement une pancarte en carton qui dissipe tout malentendu : “Pour manger merci”. Sans-abri, Christiane assure ne pas souffrir de la canicule : “Je supporte la chaleur donc ça va. J’aime beaucoup moins le froid en hiver.”

Ses cheveux, blonds mêlés de gris, la font paraître plus jeune que ses soixante ans. A la rue depuis un an, elle expose d’une voix douce les pratiques indispensables pour supporter la chaleur parisienne (…)

Eviter les quais, “par sécurité”

Son second réflexe relève également du bon sens : “Rester à l’ombre. Sur les bancs, dans les parcs, sous les arbres…”. Partout, sauf sur les quais, où un semblant d’air permet pourtant de respirer un peu mieux.  Christiane justifie son choix :

“Je préfère rester sur les grandes avenues  car je suis toute seule, c’est plus sûr. Les Roumains m’ont déjà menacée en passant leur doigt sous la gorge quand ils m’ont vue faire la manche”.

Pas question non plus d’aller passer la journée dans les magasins climatisés, malgré les conseils insistants de ses amis :

Ils me disent qu’on peut y rester autant de temps qu’on veut, qu’on est bien, mais je ne vais pas aller dans un magasin pour faire semblant de traîner dans les rayons alors que je n’ai pas d’argent. C’est la même chose pour les églises : si j’y vais, c’est pour prier, pas pour rester au frais”.

Christiane conclut : “J’aime bien voir les gens passer et pouvoir discuter, c’est plus vivant que d’être enfermée dans un magasin. Et puis les gens sont plus souriants et plus ouverts l’été”. Elle en veut pour preuve les passants qui lui offrent de quoi se rafraîchir, comme cet homme qui lui a donné une bouteille toute fraîche d’Orangina dans la matinée. (…)

Le nouvel Observateur

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