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A l’occasion de la sortie du nouveau numéro de Causeur intitulé, «Et les chrétiens d’Occident ?», Élisabeth Lévy répond aux questions de FigaroVox. Elle s’inquiète notamment de la tentation victimaire d’une partie des «cathos» blessée par le mépris d’État.
Le nouveau numéro de Causeur est consacré aux cathos: «les mal-aimés de la République». N’avez-vous pas l’impression d’exagérer? Si les chrétiens d’Orient sont incontestablement des victimes de l’histoire, peut-on vraiment considérer les chrétiens français comme une «minorité opprimée»?
D’abord, permettez-moi de vous rappeler que notre titre est «Et les chrétiens d’Occident ?». Ceci étant, bien sûr que les cathos ne sont pas une minorité opprimée, en réalité, ils constituent une majorité culturelle qui se sent opprimée et c’est cette perception que nous avons voulu analyser et interroger. Il ne s’agit évidemment pas d’encourager ce sentiment victimaire. Mais force est de constater que, dans le discours public et médiatique, on prend beaucoup de gants avec les autres religions et très peu avec la religion majoritaire. Personnellement, je souhaite qu’on ne prenne pas trop de gants avec les croyances des uns et des autres mais tout le monde doit être logé à la même enseigne. […]

On dirait que «les cathos», comme les «Français de souche», ça n’existe pas. Or, dans un sens, le catholicisme, c’est la France: pas comme religion, mais comme culture et pas toute la France, évidemment, mais tout de même une sacrée partie de son histoire, qui s’imprime dans les paysages, dans les habitudes et dans le langage, et dans les coutumes. Je me sens aussi française que n’importe quel catholique (ce que je ne suis pas, peut-être faut-il le préciser) mais je trouve normal que Noël soit un jour férié et pas Kippour.

La naissance d’un communautarisme catho serait catastrophique : entre « majorité culturelle » et « communauté » il faut choisir. On ne peut pas jouer sur les deux tableaux. Ou alors, le catholicisme ne sera plus du tout “l’essence de la France”, mais une religion parmi d’autres…


Mais si le catholicisme, c’est la France, faut-il renoncer à la laïcité ?
Vous êtes tombé sur la tête? La laïcité aussi, c’est la France! Je parle de culture, d’histoire, d’anthropologie, pas de pouvoir et d’institutions! Il n’est évidemment pas question d’accorder à une religion, quelle qu’elle soit, le droit d’intervenir dans l’espace public ou la possibilité d’organiser son emprise sur les esprits. La laïcité a été plutôt difficile à avaler pour pas mal de cathos mais ils l’ont fait alors justement, ce n’est pas le moment d’y renoncer au prétexte qu’elle chagrinerait les uns ou les autres. La laïcité française n’est pas une arme pour enquiquiner les croyants mais l’instrument qui nous permet à tous de vivre dans le même monde: celui de la raison. […] Le Figaro

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