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Je vais vous dire ce que je pense vraiment du programme de Syriza : il ne vaut même pas le papier sur lequel il est écrit ! C’est un catalogue de bonnes intentions non chiffrées qui ne pourront et ne seront pas tenues. Le plus grand mensonge de ce fourre-tout de politiques sans importances est que l’austérité sera annulée ! Une plaisanterie !

Lire ce programme est juste une perte de temps et je vous recommande de passer votre chemin. Ceux qui craignent le « gauchisme » de Syriza se trompent lourdement. C’est un conglomérat de petits partis en évolution permanente, passé en quelques années de moins de 4 % des voix à plus de 36 %. Ce qui compte, c’est que ceux qui le dirigent vraiment sont une petite équipe d’économistes compétents et surtout modérés au premier rang desquels on trouve Yanis Varoufakis, le nouveau ministre des Finances, qui ont compris la triste réalité grecque. C’est grâce à eux, que Syriza veut que la Grèce reste dans la zone euro même s’ils sont persuadés que la course à l’austérité est mortelle pour elle.
Je me rends bien compte du cynisme de ce que je viens d’écrire et que j’ai du gravement énerver mes lecteurs, surtout ceux de la gauche radicale qui espèrent que la Grèce sera le nouveau Vénézuéla, le nouveau Cuba, que dis-je !, la nouvelle Chine, celle de Mao, pas celle de l’hypercapitalisme actuel. Beaucoup d’entre vous ont dû trouver dans les lignes qui précèdent la confirmation de mon néo-libéralisme européïste. Vous allez rire : ces propos ne sont pas de moi, mais de Yanis Varoufakis, oui, oui, le ministre des Finances. Ils sont extraits d’un article de son blog écrit le 3 juin 2012, à la veille des élections législatives du 17 juin. Voici l’extrait dont j’ai tiré les phrases ci-dessus :

« Doit-on redouter “l’ultra-gauchisme” de Syriza? Ma réponse est un non retentissant. Je ne vous recommande pas de lire (même à ceux d’entre vous qui parlent grec) leur manifeste. Il ne vaut même pas le papier sur lequel il est écrit. Bien que plein de bonnes intentions, il contient peu de détails, est rempli de promesses qui ne pourront pas et ne seront pas tenues (la plus grande étant que l’austérité sera annulée); c’est un fourre-tout de politiques sans importance. Ignorez-le purement et simplement. Syriza est un parti qui a dû passer en l’espace de quelques semaines d’une agglomération de partis politiques marginaux à un parti important qui pourrait être en position de former un gouvernement dans les prochaines semaines. À plein d’égards, il s’agit d’un “travail en cours”. D’où son manifeste peu appétissant ».

Le texte (en anglais) est ici. Décoiffant de franchise, non ? Est-il destiné à rassurer ceux qui avaient alors peur de Syriza? Je ne le pense pas quand on voit le programme de Thessalonique adopté en septembre dernier et qui est en très fort recul par rapport à la marche vers le socialisme promis par la plate-forme d’origine que critique Varoufakis (ancien conseiller du premier ministre socialiste George Papandréou entre 2009 et 2011). Cela montre qu’en réalité, on ne sait pas exactement ce que fera Syriza qui s’est réservé des marges de manœuvre plus conséquentes qu’on l’imagine à 3000 km de distance…
Libération

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