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Professeur agrégé de philosophie, Robert Redeker revient sur les conséquences de l’attentat contre Charlie Hebdo et les quinze jours qui ont changé la France et qui ont restauré, selon lui, la dignité du politique. Il estime qu’avec la manifestation du 11 janvier “nous n’avons pas eu affaire à la mystique républicaine mais à la mystique nationale. Le message en était: nous, tous ensemble, sommes une nation.”

Il est triste qu’une partie du peuple, celle d’immigration récente, ne se soit pas jointe plus massivement à ce moment mystique d’affirmation nationale.

Le projet de Mme Vallaud-Belkacem de faire de l’enseignement de la laïcité une cause nationale est bien insuffisant. C’est l’enseignement de l’histoire de France et, comme le dit Bérénice Levet, de la langue française, qu’il faut ériger en causes nationales.

La liberté d’expression existe pour protéger dans leur droit de parler et d’écrire aussi bien Charlie Hebdo que Renaud Camus. C’est une liberté tellement indivisible que toute personne qui soutient les uns (Charlie) doit également, sous peine d’incohérence, soutenir l’autre (Renaud Camus).

Quand une nation est faible, au contraire, c’est qu’elle commence à devenir moins civilisée. Dans sa force la civilisation est construction, affirmation de soi. Rome, dans l’antiquité, ou la France au XVIIème siècle, sont des exemples de très hauts moments de civilisation, qui n’allaient pas sans des violences et des discriminations que nous réprouverions aujourd’hui. Dans les domaines historique et politique, est fort, possède la capacité d’être constructif, de bâtir, celui qui sait nommer les choses, autrement dit l’opposé du politiquement correct.

Manuel Valls dit que la France en guerre….

Notre pays a pris l’inquiétante habitude, au moins depuis 1870, de ne pas être prêt lorsque la guerre survient. Le vocabulaire employé par M.Valls a le mérite de la clarté. «Guerre» est un mot que l’Etat n’employait même pas pendant la guerre d’Algérie, préférant l’euphémisme mensonger, «événements». C’est dire la force de cette déclaration. Nous sommes donc dans un état de guerre. Parler de guerre c’est reconnaître et désigner un ennemi. […]

Les ennemis voudraient que nous détruisions nous-mêmes, sous l’effet de la peur, ce qu’ils veulent détruire : la liberté d’expression, la laïcité, et, sans doute, notre mode de vie.

Une société pour s’unir a-t-elle besoin d’un ennemi commun?

La France n’est pas simplement une société, elle est une nation. Dans une nation le lien politique est un lien amoureux, qui est autant le lien qui attache entre eux les citoyens que celui qui les attache au passé. Amour de ce que la nation est et amour de ce qu’elle fut. Deux éléments construisent cet amour : l’histoire et la langue. C’est cet amour de son histoire, de ce que la nation fut dans le passé, qui forme le socle de l’amour de la nation. Pour que ce lien amoureux perdure, l’éros politique, la France a besoin que le roman national soit enseigné, qu’à travers cet enseignement l’Ecole donne à aimer la nation. Jeanne d’Arc, Charles Martel, du Guesclin, Louis IX, Michel de l’Hospital, et cent autres, doivent être donnés en exemples à admirer pour nourrir l’imaginaire des écoliers. Cet enseignement rend possible un double mouvement psychologique: intérioriser l’histoire de France, d’une part, s’identifier à la France d’autre part. […]

On a beaucoup invoqué Voltaire ces jours ci et la liberté d’expression. Ou commence-t-elle, ou s’arrête-t-elle ?

Une police de la pensée et de la langue terrorise – sous l’aspect du terrorisme intellectuel – notre pays depuis deux ou trois décennies. Ce n’est pas une police de la beauté de la langue, du style, qui aurait son utilité, bien au contraire, mais une police des mots, pour empêcher que des réalités qui se donnent à voir aux yeux de chacun trouvent leur expression verbale. Ainsi, entre cent exemples possibles, la grotesque suppression du mot «Mademoiselle» des documents officiels. […]

Le Figaro

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